
Désireux de revenir sur l’inconditionnalité de l’accueil d’urgence, l’Élysée s’est immiscé dans le processus de nomination du dirigeant du 115. Une première depuis sa création, en 1993.
Depuis le départ, le 12 décembre, de son président, Éric Pliez, qui a renoncé à ses responsabilités pour faire campagne dans le 20e arrondissement de Paris sur la liste d’Anne Hidalgo, le Samu n’a plus personne à sa tête. Cette vacance dure en réalité depuis octobre, l’ex-dirigeant ayant accepté de rester en intérim jusqu’en décembre.
« Pour la première fois depuis la création du Samu social, le président de la République doit valider le nom de son dirigeant. Du coup, cela devient une affaire d’État », déplore Dominique Versini, maire-adjointe chargée de la lutte contre l’exclusion et ancienne fondatrice de l’organisme. Jusque-là, le choix a fait l’objet d’un accord entre la capitale et le ministre en charge du dossier. Le changement de logique s’explique par l’implication inédite de la place Beauvau dans la sélection, estiment les associations. Pourtant, soutenue par Paris et le ministère du Logement, la candidature de Pascal Brice, ex-directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), a été retoquée, en raison de ses critiques sur la politique migratoire du gouvernement. D’autres candidats, proposés par la mairie de Paris et pourtant légitimes au regard de leur expérience, comme Christophe Devys, président du collectif associatif Alerte, n’ont pas reçu l’aval de l’exécutif, qui réclame un haut fonctionnaire. (...)
Les associations refusent le tri des sans-abri
Au cœur de ce bras de fer, il y a la question de la sauvegarde du principe de l’accueil inconditionnel dans les structures d’hébergement d’urgence. (...)
Dans un excès de zèle, en partie corrigé par le ministère, nombre de préfets ont pourtant commencé à diffuser des consignes exigeant la remise à la rue des demandeurs d’asile. Cette dérive n’a pas encore atteint la région parisienne, où le réseau associatif est plus solide. Mais cette résistance pourrait être mise à mal par le futur président du Samu social. (...)
Le 3 janvier, il y avait encore 130 enfants à la rue
Au-delà de la question migratoire, c’est le rôle de lanceur d’alerte du président du Samu social qui est visé. Depuis son origine, en 1993, l’organisme est dirigé par des personnalités indépendantes, dotées d’une forte liberté de parole. (...)