
Le procès d’Asli Erdogan en Turquie débutera le 14 février prochain, avec l’audition de l’autrice. Arrêtée le 16 août 2016, elle avait passé près de cinq mois en prison, sous des prétextes fallacieux. Ankara estimait qu’elle servait la propagande du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. Les conséquences du coup d’État de juillet 2016 n’ont pas fini de se propager.
En juin 2017, Asli apprenait de la justice turque qu’elle avait l’autorisation de voyager, mais que son procès serait maintenu. Libérée en décembre 2016, l’autrice n’était pour autant pas lavée des accusations qui pèsent : diffusion de propagande terroriste, d’après le président Recep Tayyip Erdogan (aucun lien de parenté), actuellement le pire des crimes.
À l’initiative de l’Alliance des femmes et de Kedistan, un appel à soutenir l’autrice a été diffusé. « De nombreuses initiatives ont débuté, et c’est heureux », nous explique Michèle Idels, codirectrice de la maison éditions des femmes - Antoinette Fouque, à l’origine de cet appel. « Asli est anxieuse et son état de santé est catastrophique. Elle doit arriver la semaine prochaine en France, mais actuellement elle a besoin d’aide, face à l’acharnement juridique. »
Le texte, diffusé originellement dans L’Humanité, avec plusieurs signatures, est ici reproduit dans son intégralité.
Solidarité avec Aslı Erdoğan !
Nous sommes aux côtés d’Aslı Erdoğan et de tous les co-inculpé.e.s journalistes et défenseur.e.s des droits humains poursuivi.e.s en Turquie, pour défendre leur vie, la liberté d’expression et les droits démocratiques.
Sur les cinq continents, en 2016, artistes, auteurs et autrices, intellectuel.les, défenseur.e.s des droits humains, associations, éditeurs et éditrices, se sont mobilisé.e.s pour exiger la libération de la romancière Aslı Erdoğan emprisonnée en Turquie le 16 août, pour avoir écrit quatre articles dans le journal Özgür Gündem.
Grâce à la mobilisation, cette grande figure de la démocratie dans son pays est sortie de prison le 29 décembre 2016.
Mais alors qu’elle est aujourd’hui en exil, le procès à son encontre continue et s’accélère soudainement. Aslı Erdoğan a tout d’abord été accusée de « tentative de destruction de l’unité de l’État », d’« appartenance à organisation terroriste » et de « propagande terroriste », incriminations passibles de la prison à vie. (...)
Nous rappelons que les quatre articles d’Aslı Erdoğan incriminés ont été publiés en 2016 dans un journal légal, Özgür Gündem, qui, même s’il a été interdit depuis, n’a pas été alors poursuivi pour ces parutions. Ces mêmes articles ont été publiés et édités en plusieurs langues par plus de douze maisons d’édition et sur divers supports, et ont fait l’objet de lectures publiques.
Sommes-nous toutes et tous complices de « propagande terroriste » ?
« La Turquie a lancé une guerre totale contre les Droits humains, la littérature et pire encore, la CONSCIENCE », vient de nous écrire Aslı Erdoğan en lançant un appel à la solidarité.
Nous, soussigné.e.s, appelons à condamner sous toutes les formes possibles ces atteintes directes et inacceptables à la liberté d’expression et aux droits démocratiques.
Nous appelons à la solidarité avec Aslı Erdoğan et les co-inculpé.e.s dans ce procès, et au-delà, avec toutes les femmes courageuses particulièrement menacées aujourd’hui, ainsi que toutes celles et ceux qui, en Turquie, continuent à s’exprimer au risque de leur liberté.
Plus de 265 personnes ont déjà décidé d’apporter leur soutien. Pour signer l’appel, ce sera à cette adresse.