
La « Grande Négociation » (« Grand Bargain ») est un ensemble de réformes visant le financement humanitaire, lancé à l’occasion du Sommet humanitaire mondial. Trente représentants de bailleurs de fonds et d’organisations d’aide humanitaire se sont entendus sur 51 « engagements » destinés à accroître l’efficacité du financement de l’aide d’urgence.
Certains estiment que l’accord ne va pas assez loin. D’autres jugent honorable que les bureaucraties se soient entendues sur une telle variété de sujets en quelques mois seulement. D’après Lilianne Ploumen, la ministre néerlandaise de la Coopération au développement, remanier le système complexe de budgétisation et de passation de marchés de l’aide d’urgence est « bien plus compliqué que ce beaucoup de personnes imaginent ».
« Ça pourrait être la Grande Négociation du statu quo, à moins qu’il y ait des actions plus spécifiques », a dit Christina Bennett du groupe de réflexion londonien Overseas Developpement Institute. « Nous avons besoin d’échéanciers et d’objectifs » sans quoi « ce ne seront que des réformettes ».
Colin Bruce, de la Banque mondiale, estime lui aussi que la question du suivi est un « problème majeur » à régler d’urgence. Pour l’heure, la Grande Négociation n’est rattachée à aucune institution et de nouveaux aménagements devraient avoir lieu fin juin, a-t-il dit à IRIN.
L’analyste Antonio Donini a dit à IRIN que l’accord, décidé en seule présence des membres de l’« oligopole », ne modifiera pas « les dynamiques de pouvoir du système ». Le groupe se compose de 15 bailleurs de fonds et de 15 agences d’aide humanitaire seulement - qui, ensemble, représentent l’essentiel des dépenses mondiales en aide d’urgence.
La Grande Négociation n’est pas une simple mesure d’économie. D’après le groupe, elle devrait permettre d’engranger 1 milliard de dollars d’économies par an d’ici cinq ans - ce qui ne représente qu’environ cinq pour cent des dépenses actuelles.
Un processus houleux (...)
Certaines des mesures de la Grande Négociation visant à réduire la bureaucratie et la paperasserie peuvent sembler prosaïques, mais cette rationalisation pourrait avoir un impact significatif. (...)
Sur les 10 domaines abordés, deux ont fait l’objet d’un examen plus approfondi : la transparence et le financement des agences d’aide humanitaire locales et nationales. Ceux qui espéraient une réforme en profondeur de l’aide en espèces et de l’évaluation des besoins sont globalement déçus.
Pour ce qui est de la transparence, les membres du groupe se sont engagés à publier leurs données financières dans un format public commun d’ici deux ans. D’après Nils Carstensen, de l’ONG Local2Global Protection, la situation actuelle en matière de données « est si mauvaise qu’elle ne peut que s’arranger ». Le suivi le plus basique des flux de financement est « truffé d’inconnues », a-t-il ajouté.
Les ONG locales ressortent également gagnantes. (...)
Voici un bref aperçu des 10 domaines abordés par la Grande Négociation, qui ressortent du projet de texte définitif que s’est procuré IRIN : (...)