En ces temps de crise où les mauvaises nouvelles ne se ramassent pas à la pelle, comme le dit la chanson, mais au tractopelle, il convient de saluer le dynamisme de la production de l’industrie sondagière florissante, attisée par la gourmandise de médias dont l’addiction ne se dément pas.
Comme la lune, cette réussite a une face cachée, un versant sombre, les millions d’oubliés des sondages dont jusqu’à présent l’indicible souffrance n’était pas entendue. Mais comment reprocher à nos gouvernants d’être à l’écoute des non-dits, quand ils n’entendent pas toujours ce qui est énoncé clairement ? (...)
Debout les damnés de la terre, les laissés pour compte de la société d’opinion, citoyens de seconde zone, nous sommes tous, à l’instar de ces ménagères de plus de cinquante ans, mis au rebut, bons pour la déchetterie. Transparents, invisibles, insondés, inexplorés mais pas insondables.
C’est pourquoi nous avons créé l’AIC (association des insondés chroniques) qui a pour but d’attirer l’attention des pouvoirs publics et des instituts de sondage sur le désarroi d’un vaste échantillon représentatif de la société, en jachère, jamais consulté. Un vrai gâchis de ressources humaines inexploitées. (...)