
Dans la perspective des élections municipales, on voit se multiplier les sondages sur le péril d’une « montée du Front National », bruyamment relayés par des médias toujours avides de prédictions tapageuses. Dans cette surenchère d’articles alarmants, certains sondeurs et journalistes en oublient parfois les règles méthodologiques – et déontologiques – les plus élémentaires pour jouer à se faire peur… et « faire le buzz ».
(...) L’objet de cet article n’est évidemment pas de réfuter l’hypothèse selon laquelle le parti d’extrême-droite serait en passe d’obtenir des scores élevés aux prochains scrutins – ni de la confirmer d’ailleurs. Mais de pointer comment cette « montée », qui reste à démontrer, est mise en spectacle à travers les commentaires, sans aucun recul, de sondages considérés à tort comme des scrutins anticipés.
Des commentaires peu scrupuleux
Prenons l’exemple du sondage TNS Sofres-Sopra Group mené le 30 janvier dans le troisième secteur de Marseille pour Europe 1 et le Nouvel Observateur. Pour l’hebdomadaire qui commande le sondage, « la présence du FN au second tour est la principale nouveauté par rapport au scrutin d’il y a six ans ».
Comparer le résultat du précédent scrutin des municipales au résultat… d’un simple sondage ? La présence du Front National au second tour est actée au point de faire du scrutin « une bataille au couteau dont le Front national est l’arbitre puisque tout cela se jouera, au final, dans le cadre d’une triangulaire. »
Audacieux. D’autant plus que ledit sondage s’est fait sur un échantillon de 614 personnes. Or si l’on considère la marge d’erreur (2,4 points environ), il est plus qu’hasardeux de déduire qui du candidat du Front National (11%) ou du Front de gauche (14%) pourrait arriver en troisième position. Mais de tels scrupules seraient sans doute moins vendeurs…
Idem à Strasbourg (...)