
Le tribunal de Bobigny a estimé jeudi que la non-mixité d’ateliers organisés par le syndicat n’a pas la « discrimination » pour objectif et ne « saurait justifier une dissolution ». Les cinq parlementaires LR qui l’avaient réclamée, dont Julien Aubert, sont condamnés à verser 5 000 euros de frais au syndicat.
En mars dernier, la chambre sociale du tribunal de Bobigny jugeait la plainte déposée par cinq parlementaires LR contre le syndicat Sud Éducation 93. Ces élus, le député LR Julien Aubert en tête, exigeaient sa dissolution après l’organisation de stage « en non-mixité raciale » en avril 2019.
Depuis 2017 en effet, ces ateliers sont dénoncés par une partie du gouvernement, la droite et l’extrême droite. Les deux plaintes déposées par le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer pour diffamation - contre l’emploi du terme « racisme d’État » sur un tract et pour discrimination , ont toutes les deux été classées par le parquet de Bobigny. Aujourd’hui, c’est une nouvelle victoire judiciaire.
Dans son jugement rendu ce 2 juin consulté par Mediapart, le tribunal de Bobigny a estimé que les élus étaient bien recevables à demander la dissolution du syndicat. En revanche, en étudiant les plaquettes annonçant l’organisation de ces ateliers, le tribunal estime qu’il y a une « contextualisation » qui « permet d’établir sans ambiguïté que l’objectif poursuivi par le stage litigieux n’était pas de prôner la discrimination entre les personnes mais au contraire de critiquer de prétendues discriminations raciales à l’école ».
Et d’établir très clairement : « Dès lors, il ne peut raisonnablement être soutenu que la tenue d’“ateliers en non-mixité raciale” révélerait que le syndicat SUD Éducation 93 serait fondé sur l’objectif illicite de discrimination des personnes ». « Il n’est dès lors pas utile d’apprécier le bien-fondé de la méthode d’organisation des ateliers critiqués, dite en “non-mixité raciale”, qui à défaut d’illustrer un objectif délibéré de discrimination fondateur du syndicat, n’est pas de nature à justifier la dissolution du syndicat », ajoute-t-il.
Un débat contradictoire
Les élus reprochaient aussi à Sud éducation une violation « des valeurs républicaines de laïcité et de fraternité » et la validation et l’emploi du terme « islamophobie ». « Le seul fait d’employer le terme “islamophobie” ou d’affirmer qu’il désigne un fait sociologique ne saurait constituer une violation du principe de laïcité ou révéler l’intention du locuteur de remettre en cause ce principe », peut-on lire dans le jugement. (...)
La chambre sociale estime enfin qu’il n’est « ni invoqué ni démontré que le syndicat Sud Éducation 93 serait la marionnette d’un parti politique dont il servirait exclusivement les intérêts, comme il n’est pas allégué que ce syndicat n’agirait pas pour la défense des intérêts des travailleurs mentionnés dans ses statuts ». (...)
Le tribunal a donc débouté les élus car il résulte « clairement » que les transformations prônées par le syndicat « ont pour objectif essentiel le respect du principe de non-discrimination dans l’école ». « Que les constats effectués par le syndicat puissent être tenus pour erronés ou excessifs relève naturellement du débat démocratique mais ne saurait justifier l’imputation d’un objectif essentiellement politique, ni par conséquent la dissolution du groupement ou la privation de la qualité de syndicat », ajoute-t-il. (...)