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Le lanceur d’alertes
Stéphanie Gibaud raconte “la traque des lanceurs d’alerte”
Article mis en ligne le 19 octobre 2017
dernière modification le 18 octobre 2017

Si le sort réservé aux lanceurs d’alerte témoigne de l’état d’une démocratie, un bilan de santé s’impose. En s’appuyant sur le récit d’une cinquantaine de lanceurs d’alerte, Stéphanie Gibaud dénonce la “traque” dont ils sont l’objet, en France comme ailleurs, et envisage des pistes de réflexion pour “en finir” avec cette injustice.

L’ex-cadre de la banque d’affaires UBS n’a plus peur. Après avoir publié en 2014 La Femme qui en savait vraiment trop – Les coulisses de l’évasion fiscale en Suisse, Stéphanie Gibaud lève le voile sur le sort réservé à ceux qui, comme elle, ont osé parler de certaines dérives plutôt que de les cautionner en silence. Depuis dix ans, elle n’a cessé de payer le prix de sa liberté d’expression et ne sait d’ailleurs toujours pas comment son nom a été donné à la presse – ce qui a mis fin à sa carrière – après qu’elle eut porté plainte contre son employeur, la banque UBS. Dans La Traque des lanceurs d’alerte, qui vient de paraître aux éditions Max Milo, Stéphanie Gibaud ne manque pas d’exemples pour témoigner des procédés utilisés pour “assassiner” les lanceurs d’alerte.

“Les lanceurs d’alerte sont abandonnés par le monde du travail, abandonnés par la justice, abandonnés par Bruxelles, abandonnés par l’État et par les élus, affirme-t-elle après avoir recueilli des témoignages sur leur condition en France, en Europe et aux États-Unis. Les combats, aussi héroïques soient-ils, sont perdus parce que nous sommes isolés.” Depuis plusieurs années, Stéphanie Gibaud tente de fédérer les lanceurs d’alerte, malgré leurs différences. Une mission périlleuse quand “diviser pour mieux régner” tourne à plein régime et qu’elle peut se voir traiter de “trotskiste, léniniste” lorsqu’elle se rend à la fête de l’Huma avec le sénateur communiste et vice-président de la commission des finances Éric Bocquet, ou de “fasciste, raciste et antisémite” lorsqu’elle se trouve aux côtés du député Nicolas Dupont-Aignan, auteur d’un rapport sur la lutte contre les paradis fiscaux. Deux personnalités qui font partie des rares politiques à l‘avoir soutenue en dénonçant le rôle trouble des banques, suspectées d’aider leur clientèle fortunée à frauder les impôts.

Nous sommes dans des démocraties qui n’en ont que le nom”

“Peu importe la thématique, les lanceurs d’alerte souhaitent la même chose : travailler avec des gens intègres. Si on regarde bien, nous parlons de valeurs qui sont en accord avec 95% de la population.” (...)

si la Commission européenne envisage d’étudier la possibilité de protéger les lanceurs d’alerte et qu’en France une partie de la loi Sapin II poursuit ce même objectif, les effets de cette législation restent invisibles. Les textes sont là, mais aucun lanceur d’alerte ne peut témoigner de leur application. Si la loi n’est pas rétroactive et ne protège donc pas ceux qui auraient lancé une alerte avant l’année 2017, les derniers cas en date n’en ont pas non plus bénéficié. (...)

dans des affaires d’État, on protège les témoins ! Mais qu‘est-ce que c’est que ces États de droit dans lesquels la loi est faite, non pas pour protéger les citoyens, mais pour protéger un certain nombre d’intérêts ? C’est terrible, mais nous sommes dans des démocraties qui n’en ont que le nom”, s’insurge-t-elle. (...)