
L’intersexuation n’est ni une ambiguïté ni une erreur de la nature. C’est la vision normative du rapport entre les sexes qui conduit à infliger des traitements d’assignation sexuée aux personnes concernées. Ces protocoles médicaux sont si lourds qu’ils ne devraient jamais être administrés sans le consentement des individus.
Chaque jour, un enfant intersexué vient au monde, en France ou ailleurs. Contrairement à ce que beaucoup croient, l’état d’intersexuation n’est pas une « ambiguïté » génitale. Il s’agit, en fait, d’une variation des caractères sexués, notamment morphologiques, hormonaux ou génétiques, lesquels ne se laissent pas classer selon la binarité traditionnelle des sexes. Au lieu d’y reconnaître une variation parfaitement viable et saine, la médecine occidentale moderne s’obstine à en faire un état pathologique nommé « trouble du développement sexuel ». Ce diagnostic entraîne, pour ces enfants, adolescents ou adultes intersexués, la mise en place d’un protocole médical visant à transformer, physiquement et psychologiquement, ces corps jugés « anormaux » en corps « normaux », correspondant aux catégories de sexes « homme » et « femme ». Ce parcours médical comprend de très nombreuses opérations chirurgicales des organes génitaux externes et internes, à tout âge de la vie, ainsi que des traitements hormonaux. Il est mis en place, non pour une raison médicale, mais au nom d’une vision normative, réductrice de la diversité des corps humains.
Ces traitements d’assignation sexuée prétendent « réparer » une « erreur de la nature ». Or, techniquement, ils sont le plus souvent un échec. Surtout, ils reposent sur la volonté de « rétablir » une nature fantasmée dont seraient exclues les personnes intersexuées. Or ces corps, nos corps, sont le produit de cette même nature qui fait naître tous les corps.
Ces interventions d’assignation sexuée sont également problématiques en ce qu’elles sont pratiquement toujours irréversibles et rarement effectuées avec le consentement libre et éclairé de la personne intersexuée, enfant, adolescente ou adulte. (...)