
En janvier dernier, Jean Quatremer, l’inénarrable correspondant de Libération à Bruxelles, commettait un documentaire intitulé « Grèce année zéro », qui s’avérait être une pseudo-psychanalyse inepte et méprisante du peuple grec. Quelques mois après, il récidive avec un nouveau film, « Grèce, le jour d’après », diffusé le 20 octobre dernier sur Arte.
Dans ce nouvel opus, Quatremer entend faire la chronique des évènements allant de la victoire de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015 à la réélection, le 20 septembre dernier, d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement grec. Or le récit qui est donné de ces huit mois marqués par les négociations qui aboutiront à la reddition complète du gouvernement emmené par Syriza et à l’adoption d’un nouveau plan de rigueur tout aussi brutal que les précédents, a pour particularité de ne faire entendre qu’un seul et même refrain : celui des contempteurs de Syriza et des adorateurs de l’Union européenne et de ses politiques d’austérité. (...)
en confiant l’écriture de ce film à Jean Quatremer (épaulé de Pierre Bourgeois, professionnel de l’audiovisuel qui avait déjà réalisé le film précédent), Arte faisait déjà un choix éditorial – voire politique – fort. De la part de ce spécialiste de la politique et des institutions européennes, europhile béat de surcroît, qu’espérer d’autre qu’un point de vue conforme à celui des institutions européennes et des créanciers d’Athènes ? Et vu le parti-pris éhonté de sa couverture, dans Libération, sur son blog ou les réseaux sociaux,en juin et juillet dernier, de l’acmé du processus de négociations avec la victoire du non au référendum sur le plan de rigueur, suivie de la capitulation d’Alexis Tsipras [1], nul ne pouvait s’attendre à un film équilibré. Mais en l’espèce, il faut bien reconnaître que Quatremer s’est surpassé !
Pour preuve, le décompte édifiant des tours et du temps de parole offerts aux différents intervenants sollicités par Quatremer (...)
La disproportion est telle qu’il ne s’agit plus seulement de déséquilibre. Jean Quatremer s’est assis sur toute forme de pluralisme pour livrer une histoire unilatérale, dans laquelle les vainqueurs sont invités à donner leur version des évènements sans être jamais contredits. Ou si peu (...)
Face au refus de la plupart des ministres de Syriza de s’exprimer, n’y avait-il pas d’autres recours pour exposer les opinions anti-austérité, ou au moins offrir un contrepoint aux élucubrations bruxelloises de Moscovici et Juncker ? Pourquoi Georgios Katrougalos et à Elias Nikolakopoulos apparaissent-ils si peu et si brièvement tout au long du film ? Au-delà, n’était-il pas possible de trouver d’autres militants ou figures de la vie politique, intellectuelle et sociale grecque critiques des diktats européens ? Pourquoi aucun des nombreux économistes hétérodoxes s’étant prononcés publiquement contre les positions et les potions des institutions européennes n’a-t-il été invité à s’exprimer ? Pourquoi aucun responsable politique issu d’une formation européenne solidaire de Syriza n’apporte-t-il son éclairage ? (...)