
Un rapport publié jeudi pointe la présence sur le réseau social chinois de nombreuses publications glorifiant l’action des mercenaires russes et de leurs méthodes brutales.
Ces contenus ont été détectés par NewsGuard, une entreprise américaine surveillant la propagation de la désinformation sur Internet, qui raconte comment elle a procédé dans un rapport publié jeudi 1er décembre.
Parmi les séquences mises à jour par la société, plusieurs vidéos recyclent les images de deux exécutions sommaires attribuées aux miliciens russes, probablement perpétrées en Ukraine et en Syrie. Ces séquences, extrêmement violentes, sont visibles en intégralité sur le réseau social Telegram, dont la modération des contenus haineux est très défaillante, et sur VKontakte, le « Facebook russe ». Si, sur TikTok, circulent uniquement des extraits de ces scènes, expurgés des moments choquants, les vidéos restent suffisamment explicites. Les images sont souvent précédées d’un commentaire tel que « Mes amis me demandent ce que je ferais si l’armée ukrainienne avance d’un mètre en Russie ». (...)
Selon Newsguard, on trouve également sur TikTok des centaines de vidéos faisant écho à des éléments-clés des deux exécutions, parmi lesquels la masse métallique. Cette arme a servi depuis 2017 à différents assassinats perpétrés par les mercenaires et est devenue un mème revenant fréquemment dans les productions des sympathisants du Groupe Wagner. Au total, les vidéos reprenant la symbolique ou les mots-clés de la milice russe totalisent plus d’un milliard de vues, selon le rapport, et plusieurs dizaines de nouveaux contenus de ce type sont publiés chaque jour. Certains renvoient vers des pages de recrutement pour le groupe paramilitaire. (...)
Comment expliquer que ces contenus soient passés entre les mailles du filet ? « Impossible de répondre à cette question », répondent au Monde les deux autrices du rapport de NewsGuard, l’ex-journaliste Madeline Roache et l’ex-analyste en risque numérique Eva Maitland, qui n’ont pas eu l’occasion d’étudier la modération liée à d’autres groupes haineux sur TikTok pour établir une comparaison. En revanche, elles précisent que, sur Facebook, les contenus les plus explicitement haineux du groupe paramilitaire sont « beaucoup plus difficiles à trouver ». (...)
En France, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) déplorait, dans le cadre de son troisième bilan de l’application par les réseaux sociaux de la loi sur la manipulation de l’information, publié à la fin du mois de novembre, le manque de transparence de TikTok concernant les problématiques de modération. L’organisation critiquait le réseau social, plus que ses concurrents, pour ses réponses à son questionnaire, jugées « particulièrement imprécises » et « en décalage avec la place très importante prise par la plate-forme, notamment chez les jeunes ».