
La crise sanitaire a contraint les universités à mettre en place une session d’examen à distance pour pouvoir valider le second semestre et l’année universitaire 2019-2020. Pour tenir compte des difficultés multiples rencontrées par les étudiant·es durant la période de confinement, nombre de collègues, enseignant·es et enseignant·es - chercheur·es ont fait et feront preuve de bienveillance dans leur évaluation.
C’est précisément ce qu’a fait Jean-Pierre Dubois, professeur de droit public à l’université Paris-Saclay et par ailleurs ancien président de la ligue des droits de l’homme. Deux heures avant la tenue d’un jury d’examen auquel il devait prendre part, il a été suspendu sans avoir été entendu, sans aucun avertissement et sans motif valable par la présidente de son université jusqu’au 31 juillet. Comble de la perfidie, notre collègue est à la veille de prendre sa retraite le 1er septembre prochain ! Belle récompense pour une fin de carrière.
Le SNESUP-FSU se demande dans quelle mesure l’attaque portée à Jean-Pierre Dubois n’a pas vocation à servir d’exemple et à dissuader les enseignant·es et les enseignant·es - chercheur·es de faire preuve d’humanité dans un contexte de crise difficile pour toutes et tous.
Le SNESUP-FSU s’insurge contre ce procédé autoritaire et demande la levée immédiate de ces sanctions.
Pétition : Non à la mesure de suspension adoptée contre Jean-Pierre Dubois
(...) Qu’est-il en effet reproché à ce professeur ? D’avoir mal utilisé une plateforme informatique destinée aux examens dématérialisés, opération qui aurait permis « à une large majorité d’étudiants » d’obtenir d’excellents résultats. Il y aurait là un « manquement à ses obligations professionnelles » et une « infraction pénale ».
Ces qualifications sont infamantes et par là même disqualifient la mesure prise à l’encontre de notre collègue.
Nous protestons vigoureusement contre cette mesure de suspension prise à l’encontre de Jean-Pierre Dubois, dont l’intégrité scientifique et professionnelle n’est plus à démontrer.
Nous en demandons le retrait immédiat.
A défaut de quoi, ceux d’entre nous qui sont concernés envisagent de ne plus participer aux sessions d’examen dématérialisées en cours dans de nombreuses universités ; dès lors que nous sommes tous susceptibles d’encourir le même type de sanctions par l’utilisation de plateformes informatiques complexes et souvent défaillantes.
La contradiction entre les invitations à l’« extrême bienveillance » vis à vis des étudiants émises par la Présidence de l’Université Paris Saclay, les remerciements ministériels émus à la communauté universitaire pour la « continuité pédagogique » assurée dans l’état d’urgence sanitaire, et le choix de l’acte d’autorité éclate.
Nous refusons la caporalisation technocratique des Universités qui s’affiche ici au grand jour. Elle repose sur un état d’exception dont la mise en œuvre fébrile menace gravement les libertés académiques.