
L’attaque à l’arme chimique dans la banlieue est de Damas (la Ghouta) a enclenché d’intenses négociations. Pendant ce temps, la population de cette région continue d’être victime de bombardements et d’un blocus sur les produits nécessaires à sa survie. Et l’aide humanitaire ne figure toujours pas à l’ordre du jour des négociations
Le contraste est saisissant entre l’activité diplomatique de ces derniers jours sur la crise syrienne et l’absence d’initiatives visant à améliorer l’aide à la population dans son ensemble. L’usage d’armes de destruction massive en Syrie marque certes le franchissement d’un palier dans l’horreur dénoncée par l’ensemble des acteurs internationaux, quels que soient leurs préférences politiques. Mais la mort de dizaines de milliers de non-combattants et la privation d’aide humanitaire, notamment médicale, pour des millions de personnes n’ont quant à elles suscité aucune réaction significative.
Depuis deux ans, l’essentiel de l’aide humanitaire internationale, celle des Nations unies et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), transite par Damas et est distribuée selon le bon vouloir du régime. Or celui-ci interdit l’acheminement de toute assistance médicale en zones rebelles soumises à des bombardements intensifs ciblant spécifiquement les établissements de santé et tous ceux, du boulanger au médecin, qui tentent d’apporter une aide à la population. (...)
Certaines composantes de l’opposition armée ont également développé des pratiques criminelles à l’encontre des populations, des acteurs de l’aide, des journalistes et des prisonniers de guerre. Bien que désavouées par la plupart des opposants, ces violences perdurent, entravant la distribution de l’aide humanitaire dans les régions où elle fait déjà cruellement défaut.
Les groupes armés de l’opposition doivent s’engager collectivement à mieux assurer la sécurité des non-combattants, des journalistes et des acteurs de secours. Enfin, en dépit de la générosité des pays voisins accueillant plus de deux millions de réfugiés, les conditions de vie de ces derniers sont marquées par les difficultés à franchir les frontières, l’insécurité et la misère.
Le rôle d’une organisation humanitaire comme Médecins sans frontières, n’est pas de se prononcer sur l’opportunité du recours à la force pour "punir" les auteurs de massacres à l’arme chimique ou hâter la fin du conflit. Notre but est d’atténuer autant que possible les conséquences des guerres, nous ne pouvons à ce titre en justifier de nouvelles.
Aussi appelons-nous les Etats et les organisations internationales à considérer l’aide humanitaire à la population syrienne comme une priorité. (...)