
Ils ont combattu sans relâche le groupe Etat islamique (EI) en Syrie pour le compte de Washington. Aujourd’hui, les jihadistes ont perdu leur "califat", Donald Trump veut retirer une partie des troupes américaines, et les Kurdes craignent pour leur semi-autonomie chèrement acquise.
D’un côté, il y a le voisin turc, qui se dit prêt à lancer une nouvelle offensive à sa frontière contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). De l’autre, le pouvoir de Bachar al-Assad, qui réclame la fin de l’autonomie de facto de la minorité.
Car dans un pays en guerre depuis 2011, les Kurdes disposent de leurs propres forces de sécurité, organisent des élections, gèrent des écoles et collectent des impôts.
Mais l’annonce en décembre par le président Donald Trump d’un départ de Syrie des quelque 2.000 soldats américains, leur principal allié dans la lutte antijhadiste —et par ricochet leur principal bouclier— a fait l’effet d’un coup de tonnerre.
Pour sauver leur semi-autonomie, et se protéger d’une offensive turque, la minorité a alors entamé des négociations avec Damas.
"Les Kurdes vont se retrouver écrasés entre l’enclume de l’armée syrienne et le marteau turc", pronostique l’expert sur la Syrie Fabrice Balanche. (...)
Dans un pays ravagé par une guerre complexe qui a fait plus de 370.000 morts et implique plusieurs grandes puissances, la Turquie est toutefois loin d’avoir les coudées franches : elle doit notamment prendre en compte l’avis de la Russie, alliée indéfectible de Damas.
"La position de la Russie est décisive, souligne M. Civiroglu. Les Kurdes savent très bien que ce qui s’est passé à Afrine s’est fait avec le feu vert de (Vladimir) Poutine."
La communauté a donc amorcé un rapprochement avec Damas, espérant sauver son autonomie par le biais de négociations.
"Les Kurdes veulent que leur système politique soit reconnu, l’éducation kurde officialisée", fait valoir Mutlu Civiroglu. (...)
Pour le moment, les négociations piétinent. "Le régime exige une capitulation sans condition. (...)
Damas pourrait toutefois accepter des concessions, si elle cherchait à devancer la Turquie pour reconquérir les territoires frontaliers. (...)
Un autre espoir subsiste : que les Américains maintiennent une présence, même a minima, en Syrie.
Si M. Trump a assuré qu’il ne faisait pas "machine arrière", Washington a finalement décidé de garder "pour un certain temps" 400 soldats en Syrie, un "petit groupe de maintien de la paix". (...)
Le Pentagone a évoqué une force d’observateurs constituée par les alliés de la coalition. Mais cette proposition est accueillie avec circonspection par les Européens, notamment la France.