
Contrairement aux premiers effets d’annonce et couacs de communication qui ne vont pas manquer de se multiplier sur cette question sensible, le gouvernement ne parviendra pas à instaurer une « tarification progressive » de l’eau, qui serait inconstitutionnelle, inéquitable, et donc contraire aux objectifs ouvertement affichés. Les travaux conduits en 2010-2011 par un groupe de travail du laboratoire des idées du PS sur la tarification de l’eau l’avaient établi sans équivoque aucune.
Les députés et le gouvernement semblent enfin prendre conscience de l’impasse dans laquelle ils s’apprêtaient à s’engouffrer (...)
(...) Rappelons une distinction essentielle.
Le service public répond à un besoin collectif, chacun bénéficiant de plein droit du service mis en commun. Mis à disposition des plus pauvres, puisqu’une importante partie du coût final est pris en charge par la collectivité, à des conditions compatibles avec leurs moyens, il a un effet de redistribution et de correction des inégalités en toute indépendance par rapport au marché. Le service d’intérêt général, quant à lui, n’échappe que par dérogation aux lois du marché, quitte à perdre de vue sa mission de redistribution.
Lorsqu’on adjoint à des firmes privées une mission de service universel, grande est la tentation de pratiquer des tarifs « sociaux » pour des clients non solvables ou indigents. On glisse ainsi du service public aux usagers au service « light » pour les indigents, (ce à quoi sont précisément destinés les « compteurs intelligents » et autres « smart grids » que l’on prétend nous fourguer à tour de bras dans la période pour « maîtriser nos consommations »).