Le témoignage que nous publions ci-dessous permet de constater que les logiques de fonctionnement et de production de l’information d’un média en ligne tel que le site Newsring, pour « participatif » qu’il soit, connaissent les mêmes contraintes et dérives que celles de ses homologues de la presse écrite, radio ou télédiffusée. Et notamment que les pigistes y sont en butte à la même précarité, à la même course à l’audience, au suivisme et au conformisme de leur hiérarchie. (Acrimed)
(...) La particularité de Newsring ? Le site est parrainé par Frédéric Taddeï dont l’objectif est, selon le discours qu’il me tient, d’en faire l’équivalent en ligne de Ce soir ou jamais, à la seule différence que chacun pourrait s’y exprimer. Il me propose d’y lancer des débats sur l’histoire, puisque telle est ma spécialité, tout en étant rémunérée. En tant que doctorante toujours en quête de petits boulots, c’est le genre de proposition qui ne se refuse pas. (...)
je suis assez interloquée lorsque, au fil de la conversation, il m’explique que « de toute façon, le web penche toujours naturellement à gauche » et que c’est pour ça qu’il ne faut pas hésiter à laisser s’exprimer des gens d’extrême droite. Ma lecture des commentaires d’internautes sur divers sites de presse, terrains privilégiés des groupuscules extrémistes de tous poils, étaient loin de me laisser cette impression. (...)
Embarrassé par les récentes recrues de Taddeï, le Chef n’hésita pas à nous téléphoner pour nous pousser à partir si nous ne voulions pas de ces nouvelles conditions, allant jusqu’à menacer certains d’entre nous de ne pas nous payer si nous persistions. En suivant ce nouvel objectif, il se conformait exactement aux directives de Webedia, principal actionnaire de Newsring aux côtés de Frédéric Taddeï et Julien Jacob, propriétaire de Pure People et Pure Media.
Je persistai donc, tout en essayant de ne pas trop sacrifier au racolage. Le Chef et moi avions des visions tout à fait opposées. (...)
Alors que je me plaignais par courriel de ne pas en avoir été informée et d’être associée à un texte que je ne cautionnais pas, le Chef me répondit : « C’est pourtant ainsi qu’on travaille dans la presse, depuis toujours : il faut que vous sachiez que nous sommes responsables des écrits que vous publiez. » (...)