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« Tests osseux » sur les jeunes sans papiers, une pratique d’un autre âge
Article mis en ligne le 13 mai 2015

La méthode qui sert à évaluer si des étrangers sont mineurs, et donc pris en charge, va être débattue à l’Assemblée, dans le cadre du texte sur la protection de l’enfance.

La pratique est contestée, souvent jugée peu fiable pour un résultat tellement lourd de conséquences. Faut-il continuer de recourir au « test osseux » pour évaluer l’âge d’un jeune étranger en situation irrégulière ? Cette radio du poignet et de la main qui peut être pratiquée sur un individu sans papiers est censée évaluer s’il est mineur ou majeur. Ses conclusions ne sont pas anodines, puisqu’elles contribuent à déterminer si l’adolescent peut être pris en charge au titre de la protection de l’enfance, nourri, scolarisé. Ou s’il est expulsable. (...)

Des associations à la communauté scientifique, ces examens sont critiqués. Le Réseau éducation sans frontières (RESF) a lancé en janvier une pétition « stop aux tests osseux ». L’ordre des médecins demande que ces radios soient « bannies », comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Le Haut Conseil de la santé publique rappelle, lui, que « la maturation d’un individu diffère suivant son sexe, son origine ethnique ou géographique » et son régime alimentaire. Or, la lecture de ces tests se fonde sur l’atlas de Greulich et Pyle, deux médecins qui ont travaillé sur de jeunes Américains blancs de milieu aisé des années 50…

Seulement, les anti-tests osseux butent sur un obstacle : si une personne n’a pas de papiers ou s’il y a un doute sur sa pièce d’identité, il n’existe aucune méthode évaluant avec certitude son âge. (...)

Les députés qui proposent leur interdiction pure et simple ont gagné une manche en commission, avec l’adoption d’un amendement de Denys Robiliard. Mais l’usage de ces radios reste possible pour les mineurs étrangers isolés placés en zones d’attente (aéroports, ports, gares internationales). « Et le parquet ainsi que la juge des enfants pourront encore demander d’y recourir », pointe Violaine Carrère, chargée d’études au Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Plus large, un amendement de l’EE-LV Sergio Coronado proscrivant totalement leur usage a été repoussé en commission.

« Présomption ». Pas sûr que celui-ci connaisse un meilleur sort dans l’hémicycle. (...)

Ceux qui souhaitent aller jusqu’à l’interdiction défendent une « présomption de minorité ». Au lieu d’une « logique actuelle du soupçon, de l’écrémage permanent », regrette Coronado. Pour Violaine Carrere, du Gisti, « c’est comme si on craignait davantage de prendre en charge un jeune de 18 ans et quelques semaines que de laisser un mineur à la rue. »