
Le procès des 4 de Tours va toujours de surprise en surprise. Nous avons
pu enfin lire le délibéré motivant le jugement du 26 mai. Hortefeux,
alors ministre de l’intérieur, avait, en avril 2010 porté plainte pour
diffamation publique d’administrations publiques contre deux militants
de SOIF D’UTOPIES et deux de RESF 37.
Dans un communiqué ces deux structures avaient fait part de leurs
soupçons quant à la transformation d’enfants en appât afin de pouvoir
satisfaire les chasseurs de sans papiers en uniforme. Elles
soupçonnaient également que fichier Base Elèves soit, entre autres,
utilisé à cette fin. Elles avaient osé comparait ces méthodes avec
celles employées par la police sous Vichy.
Une des prévenues, militante de RESF 37, a été relaxée. Par contre, les
trois autres sont condamnés à 500 € d’amende avec sursis, 300 € de
dommages et intérêts et 3000 € solidairement pour les frais de justice.
En clair la Justice, en première instance, dit que nous n’avons pas le
droit de faire part de soupçons sur d’éventuelles dérives et exactions
de l’administration, de la police et de la gendarmerie. Elle interdit
toute comparaison historique avec la période de Vichy.
La lecture du délibéré laisse pantois. Rappelons que l’audience du 5
avril a commencé vers 9 h pour finir vers 19 h. Les 4 prévenus s’y sont
exprimés, ainsi que 11 témoins de la défense, leurs 2 avocats, celui de
la partie civile et le procureur. Dans ce compte rendu de jugement, il
n’est fait aucune mention des témoignages, des plaidoiries des avocats
de la défense, ainsi que des interrogatoires et interventions des
prévenus. Que s’est-il passé, que s’est-il dit pendant toutes ces
heures ? On appellera cela le mystère de la transparence !
Rappelons qu’à ce procès plusieurs questions y furent posées par les
prévenus portant sur la liberté d’expression, la nécessité de faire des
comparaisons historiques ainsi que de se révolter contre le racisme
d’Etat, le traitement inégalitaire de celui-ci, etc. En ne faisant
aucune allusion aux débats qui eurent lieu lors de l’audience du 5
avril, le tribunal s’évite ainsi de les prendre en compte. Seuls sont
repris, par le tribunal, les arguments du réquisitoire du procureur sur
lesquels il fonde son jugement. Cela ressemble plus à un jugement à
charge exprimé sous la férule du procureur. (...)
Ce délibéré nous conforte dans notre volonté de faire appel, en espérant
que lors de ce nouveau procès, les arguments des prévenus, les
témoignages et les plaidoiries des avocats de la défense seront enfin
pris en compte !
Manifestement, ce jugement ne contente personne, si ce n’est l’avocat de
la partie civile. Le procureur a fait aussi appel.
(...) Wikio