
Le passage d’une entreprise en Scop est à chaque fois un cas d’espèce qui dépend de nombreux facteurs comme le pays où a lieu ce passage, le moment du passage, la mobilisation dans l’entreprise et hors de l’entreprise, la force de l’organisation syndicale, les lois sociales et les législations commerciales et même aussi le fait que le statut de Scop n’existe pas dans la législation de certains pays.
Par ailleurs, les salariés sont parfois peu formés pour construire un dossier de création d’entreprise avec un « business plan » et d’autres pièces légales. Par ailleurs, l’idée de se retrouver « sans patron » peut provoquer, si ce n’est une panique, au moins une inquiétude. Vendre sa force de travail est une pratique classique alors que prendre le risque financier sans garantie en est une autre.
Il faut aussi, la plupart du temps, pouvoir mobiliser un capital non négligeable, ce qui est rarement à la disposition des salariés d’une entreprise. Il n’existe pas toujours des fonds institutionnels et les banques sont peu disponibles pour amener leurs ressources dans la corbeille de mariés. Certains pays sont dotés de législation du travail avec des services publics de l’emploi et surtout des indemnités de chômage qui permettent de constituer le capital de démarrage mais d’autres pays n’ont rien dans ce domaine. On dit souvent qu’il n’y a pas de modèle mais il y a quand même des obstacles à franchir. (...)
Créer une coopérative revient à créer une entreprise, ce qui amène à se coltiner les problèmes législatifs, trouver un local et des machines, des matières premières qui permettront de réaliser une marchandise. Pour faire tout cela il faut des financements qui ne tombent pas facilement.
Il faut aussi prendre en compte la réalité du marché et développer un service commercial et un service logistique. Dans certains cas, il faudra aussi organiser et soutenir un service après-vente. Toute erreur dans ce domaine se paye comptant pour une SCOP.
Créer un SCOP place chaque salarié au même rang de pouvoir selon le principe « un salarié une voix » ce qui est plus facile à dire qu’à faire car souvent il existe de « vielles dettes » qui traînent et qui doivent être surmontées. La règle démocratique s’impose donc rapidement et comme l’entreprise existe dans un monde où les salaires sont variés, il faut donc trouver sur cette question des réponses viables, notamment sur le long terme. Mais entre les assemblées générales où le principe égalitaire existe, il y a le quotidien qui impose des décisions et une direction élue. Enfin il y a la nécessité de faire circuler l’information ce qui est relativement facile à dix ou vingt mais devient rapidement plus complexe quand le nombre des salariés est plus important. (...)