
"Nous craignons des pressions, nous craignons aussi que ce soit l’occasion de la part des services de renseignement d’en savoir plus sur les sources", a réagit le directeur de la rédaction du Monde Luc Bronner.
La journaliste Ariane Chemin, reporter au quotidien Le Monde, est convoquée au sujet d’un article révélant l’un des volets de l’affaire Benalla. Michel Despratx, du site Disclose sera lui entendu comme témoin après ses révélations dans l’affaire de la vente d’armes françaises au Yémen.
Quant à Valentine Oberti, journaliste à Quotidien, elle a révélé ce mercredi soir qu’elle avait été convoquée le 15 février dernier par les policiers de la Sécurité intérieure pour une enquête sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite. La journaliste a précisé sur TMC, que l’ingénieur du son et la journaliste reporter d’images qui travaillent avec elle avaient eux aussi été convoqués, les 11 et 15 avril. (...)
"Nous maintenons évidemment nos informations et exprimons notre inquiétude sur cette convocation : l’intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l’Élysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs", a réagit Luc Bronner. Pour lui cette convocation "sous le statut d’une audition libre, est d’autant plus préoccupante qu’elle suit une procédure similaire, utilisée très récemment à l’encontre d’autres journalistes." (...)
Le directeur de la rédaction du Monde dénonce sur franceinfo "une forme de banalisation de ce type de convocations qui devraient être absolument exceptionnelles et liées à des affaires particulièrement graves de mise en danger de la sécurité nationale."
Une convocation préoccupante
Michel Despratx, un collaborateur du site Disclose, est lui aussi convoqué par la DGSI. Ce sera le 28 mai prochain. Il sera entendu comme témoin au sujet de l’enquête, parue sur le site, sur la vente d’armes françaises au Yémen. (...)
À l’annonce de cette troisième convocation, Disclose dénonce : "une nouvelle tentative du parquet de Paris de contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse et la protection des sources." (...)
"En tant que témoin notre journaliste ne pourra pas être assisté d’un avocat. Il ne pourra pas non plus faire valoir le "droit au silence". Mais en tant que journaliste, il pourra invoquer le secret des sources", s’inquiète le site.
Interrogé par France Inter, Benoit Collombat constate qu’"Avec ces deux nouvelles auditions à la DGSI, on franchit un cap dans l’intimidation des journalistes. (...)
Si l’on ajoute la tentative de perquisition dans les locaux de Médiapart, le 4 février 2019, par la brigade criminelle ainsi que la répression policière contre les journalistes qui couvrent les manifestations des gilets jaunes, documentée par David Dufresne, cela commence à faire beaucoup. L’occasion de rappeler cette phrase de George Orwell : ’Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publier. Tout le reste n’est que relation publique.’"
"La DGSI n’a pas autre chose à faire ?", réagit le SNJ
Pour le Syndicat national des Journalistes (SNJ), "nous en sommes à cinq convocations de journalistes par la DGSI en moins d’un mois. La DGSI n’a pas autre chose à faire ? Il se passe quelque chose de très malsain dans ce pays. Nous y voyons la volonté d’intimider les journalistes, et leurs sources, et c’est totalement scandaleux". (...)