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France TV Documentaires
Tu deviendras hétéro mon fils
france-5 diffusé le mar. 08.09.20 à 20h54 disponible jusqu’au 19.05.21
Article mis en ligne le 16 mai 2021
dernière modification le 18 mai 2021

Assumer son homosexualité, quand on est américain, aussi surprenant que cela puisse paraître, ne va pas forcément de soi. Des centaines de milliers d’entre eux, par pression sociale, familiale ou religieuse, se sont engagés et continuent de le faire dans des thérapies dites "de conversion".

Ces thérapies, qui n’en ont que le nom, promettent de "réparer" une orientation sexuelle déviante, de changer l’identité profonde d’une personne. Au-delà de la dimension absurde d’une telle promesse, ces thérapies de conversion s’avèrent dangereuses, voire dévastatrices. Dirigées par des communautés religieuses la plupart du temps, elles virent souvent à l’humiliation et s’appuient sur les violences physiques pour parvenir à leurs fins. Plus de 700 000 personnes sont déjà passées par ces centres, dont la moitié mineurs, contraints par leurs parents. Avec souvent, pour seul résultat, des drames humains. Aujourd’hui, à travers tous les USA, s’engage un combat pour que ces "thérapies" , toujours légales dans une quarantaine d’états, cessent et qu’enfin les victimes soient reconnues en tant que telle. (...)

Voir également :
Homothérapies, conversion forcée

Électrochocs, lobotomies frontales, "thérapies" hormonales… : dans les années 1970, aux États-Unis, la dépsychiatrisation de l’homosexualité met progressivement fin à ces pratiques médicales inhumaines, tout en donnant naissance à des mouvements religieux qui prétendent "guérir" ce qu’elles considèrent comme un péché, une déviance inacceptable. Depuis, les plus actives de ces associations – les évangéliques d’Exodus ou les catholiques de Courage – ont essaimé sur tous les continents, à travers une logique de franchises. Bénéficiant d’une confortable notoriété aux États-Unis ou dans l’ultracatholique Pologne, ces réseaux œuvrent en toute discrétion en France et en Allemagne. Mais si les méthodes diffèrent, l’objectif reste identique : convertir les personnes homosexuelles à l’hétérosexualité ou, à défaut, les pousser à la continence. Comme Deb, fille d’évangélistes de l’Arkansas ouvertement homophobes, Jean-Michel Dunand, aujourd’hui animateur d’une communauté œcuménique homosensible et transgenre, a subi de traumatisantes séances d’exorcisme. De son côté, la Polonaise Ewa a été ballottée de messes de guérison en consultations chez un sexologue adepte des décharges électriques. Rongés par la honte et la culpabilité, tous ont souffert de séquelles psychiques graves : haine de soi, alcoolisme, dépression, tentation du suicide…

Manipulation destructrice
Étayée par le travail de deux jeunes journalistes, dont l’un s’est infiltré dans des mouvements français – des rencontres façon Alcooliques anonymes de Courage aux séminaires estivaux de Torrents de vie, avec transes collectives au menu –, cette enquête sur les "thérapies de conversion" donne la parole à des victimes de cinq pays. Leurs témoignages, à la fois rares et bouleversants, mettent en lumière les conséquences dévastatrices de pratiques qui s’apparentent à des dérives sectaires. "Nous avons affaire à une espèce de psychothérapie sauvage qui peut amener à la destruction de la personnalité", affirme ainsi Serge Blisko, ancien président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). En mars 2018, le Parlement européen a voté une résolution appelant les États membres à interdire ces prétendues thérapies.