
Plusieurs ONG tunisiennes et internationales alertent sur la situation de dizaines de migrants retenus "illégalement" dans un centre de la banlieue de Tunis. Plusieurs détenus ont saisi la justice afin que cesse cette "détention arbitraire"
"Les migrants ne peuvent pas sortir du centre, certains y sont retenus depuis des semaines, voire des mois", explique à InfoMigrants Zeineb Mrouki, de l’ONG Avocats sans frontières. "Ils y sont détenus de manière arbitraire, sans cadre légal et au mépris de leurs droits fondamentaux", assure-t-elle. (...)
Ces migrants n’ont pas été "notifiés par écrit du fondement juridique de leur détention, ni de la durée de leur détention, ni de leurs droits à être assisté d’un avocat et d’un interprète et à contacter leur consulat, ni de leur droit à saisir la justice pour qu’elle contrôle immédiatement la légalité de leur détention", signalent les ONG dans le communiqué.
Les militants disent avoir très peu d’informations sur ce centre. (...)
Selon les témoignages recueillis par les associations, les migrants ne peuvent être libérés de la structure que s’ils regagnent leur pays d’origine, par leurs propres moyens. "On leur demande de payer eux-mêmes leur billet d’avion retour. S’ils ne peuvent pas, ils ne sortent pas", continue la représentante d’Avocats sans frontières. Certains migrants ont déclaré aux associations qu’ils avaient réussi à sortir du centre en échange de pot-de-vin remis aux gardiens du site. (...)
Ainsi, "avec l’assistance d’un groupe d’avocats, plusieurs détenus" ont saisi "le tribunal administratif de Tunis afin qu’il joue son rôle de garant des droits et ordonne, sans délai, la cessation de la détention arbitraire", ont indiqué les ONG.
Fin avril, dix-sept ONG internationales et locales dont la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, avaient déjà dénoncé l’existence de ce centre et réclamé la "libération" des migrants.
Contacté par l’AFP, le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Hayouni s’est refusé à tout commentaire.