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Tunisie : pour les islamistes, la femme est « complémentaire »
Article mis en ligne le 5 août 2012

Mercredi, les membres de la commission droits et libertés de l’Assemblée constituante ont voté un article selon lequel la femme et l’homme s’inscrivent dans un rapport de complémentarité. Une formulation qui soulève un tollé et met directement en question le principe d’égalité.

C’est Selma Mabrouk, membre d’Ettakatol partenaire d’Ennahdha dans la coalition gouvernementale qui a donné l’alerte mercredi soir.

Un article du chapitre consacré aux femmes a été mis aux voix au sein de la commission. Deux versions, rapporte-t-elle, étaient proposées (selon sa propre traduction).

 La première :

« L’Etat garantit les droits de la femme et ses acquis dans tous les domaine. Il est interdit de promulguer des lois pouvant y porter atteinte de quelque manière que ce soit. L’Etat se doit de lutter contre toutes les formes de discriminations ou de violence physique ou psychique contre les femmes. »

Elle a recueilli huit voix.

 La seconde, proposée par Ennahdha :

« L’Etat assure la protection des droits de la femme et de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associé à l’homme dans le développement de la patrie.

L’Etat garantit l’égalité des chances pour la femme dans toutes les responsabilités. L’Etat garantit la lutte contre les violences faites aux femmes. »

Elle a recueilli les voix des neuf membres d’Ennahdha, plus celles de deux députés du Congrès pour la République (CPR) et celle d’un indépendant. (...)

La notion de complémentarité soulève une vive émotion. Elle remet en question le principe d’égalité qui était jusqu’à présent la doctrine officielle en Tunisie et intériorisée par de nombreuses tunisiennes.

Cette notion est issue de la réflexion du féminisme islamique. Du moins dans sa version islamiste.
(...)

Le drame pour la cause de l’égalité homme/femme en Tunisie est d’avoir été défendue sur la scène nationale et internationale par Leila Trabelsi. Si bien qu’à présent, l’idée d’égalité est associée, dans une partie de l’opinion, à l’ascendant que la régente de Carthage avait pris sur le Président Ben Ali et à ses appétits matérialistes et sans scrupules.

L’autre talon d’Achille du principe d’égalité proclamé pendant des décennies, c’est que son application dans la société est restée très superficielle. Dans la pratique, en dehors des classes moyennes ou aisées et des milieux urbains, les femmes restent exclues de l’espace social, soumises à la domination masculine, et plus de 30 % des tunisiennes affirment avoir été victimes de violence. Une situation que des décennies de féminisme d’Etat n’est pas parvenue à améliorer et que des années d’influence wahhabite et le climat de liberté post-dictature ont plutôt tendance à aggraver.

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