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Turquie : cette nouvelle gauche qui s’oppose au projet nationaliste et néolibéral du président Erdogan
Article mis en ligne le 2 novembre 2015

Suite à l’élection législative du 1er novembre, le parti conservateur turc du président Recep Tayyip Erdogan (AKP) retrouve la majorité absolue. Malgré la répression et les violences politiques qui l’ont visé, le nouveau parti de gauche kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), demeure la troisième force politique du pays avec 59 députés.

La raison de ce relatif succès : au-delà des Kurdes, le HDP tente de fédérer mouvements écologistes, féministes ou jeunes diplômés précaires. « Il doit désormais étendre son message à l’ensemble des secteurs de la société exclus par le projet nationaliste et néolibéral de l’AKP », explique Murad Akincilar, responsable de l’Institut de recherche politique et sociale de Diyarbakir. (...)

Né sur les braises encore chaudes de trois décennies d’un conflit entre l’État turc et sa minorité kurde qui a coûté la vie à 40 000 personnes, ce parti pro-kurde, ouvert à toutes les composantes progressistes turques, porte dans son sillage l’espoir de 10 millions de Kurdes victimes d’un état d’exception permanent. Quand il a obtenu 13% des suffrages aux élections législatives du 7 juin 2015, faisant barrage à la majorité absolue rêvée par l’AKP, le parti au pouvoir du président conservateur Recep Tayyip Erdogan, la joie a envahie la région kurde du sud-est de l’Anatolie. Depuis, les attentats meurtriers de Suruç le 20 juillet (31 morts), puis d’Ankara le 10 octobre (102 morts), ainsi que les centaines d’attaques perpétrés contre le HDP, ont transformé la victoire en effroi face à la violence politique déclenchée par le gouvernement turc.

Dimanche 1er novembre, l’AKP a finalement obtenu sa majorité absolue au Parlement turc, lors d’un nouveau scrutin où il a décroché 49,3% des voix. Le HDP reste dans la course, en passant pour la deuxième fois au-dessus du quorum éliminatoire des 10%. Il faudra désormais compter avec cette nouvelle force politique en Turquie. D’où vient elle et où va-t-elle ? Éléments de réponse avec Murad Akincilar, responsable de l’Institut de recherche politique et sociale de Diyarbakir (DISA), la capitale du Kurdistan turc. (...)

Quels sont les principaux défis qui attendent le HDP au lendemain des élections du 1er novembre ?

Le HDP est un nouveau né. Surtout, il émerge dans un contexte de conflit régional permanent. Cela explique d’ailleurs pourquoi l’AKP a péché par excès de confiance, persuadé que ce jeune parti ne dépasserait pas le quorum de 10% nécessaire pour obtenir des députés aux élections de juin 2015. Si le HDP a réalisé une victoire précoce et en-dehors des régions kurdes, il n’a pas encore consolidé sa base électorale. Ce dont il a besoin, c’est d’une période de normalisation, sans risquer le harcèlement policier, les arrestations arbitraires et le lynchage politique auxquels il a été exposé jusqu’à présent. En quatre mois, il a subi plus de 400 attaques, dont l’incendie de son siège à Ankara et un attentat meurtrier en plein meeting la veille de l’élection du 7 juin à Diyarbakir ! Il doit désormais s’atteler à mobiliser les masses populaires et d’étendre son message à l’ensemble des secteurs de la société exclus par le projet nationaliste et néolibéral de l’AKP.