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Tuto : 4 idées pour créer une alternative aux projets écocides
#alternatives
Article mis en ligne le 18 août 2023
dernière modification le 17 août 2023

Cet article est le premier de notre série « Tuto des luttes », issue de conférences et de formations qui se déroulaient du 3 au 6 août dans le Larzac, aux Résistantes, un évènement réunissant près de 150 collectifs des luttes locales de France.

Voici quelques ingrédients à ne pas oublier pour une bonne recette alternative.

1. Faire participer les habitants... et les experts

Poterie riposte est né en 2020, quand les habitants de Ferney-Voltaire, dans l’Ain, ont découvert un projet de méga centre commercial, en bordure de leur ville. En parallèle des recours juridiques, « la question du projet alternatif s’est posée très vite, car tout le monde nous demandait sans cesse : mais que voulez-vous faire à la place ? » se rappelle Anne. Le collectif s’est alors adressé à un architecte, allié de la lutte. Des ateliers participatifs ont ensuite permis de dessiner les contours d’un projet alternatif. « C’est vraiment parti des habitants, entre 30 et 100 personnes au total », précise Marion, membre du groupe.

Au bout de quelques mois, l’alternative a pris forme : un quartier renouvelé, avec des activités artisanales, des petits commerces, des services de proximité, un parc et des jardins partagés. (...)

Début juillet, la bonne nouvelle tombait : le promoteur se retirait du projet, compromettant sérieusement sa réalisation. (...)

2. Partir du territoire et de ses ressources

À Notre-Dame-des-Landes, la construction d’alternatives s’est épanouie en parallèle — et en complément — de la lutte contre l’aéroport. C’est ainsi qu’est né Abracadabois, un groupe qui gère aujourd’hui de manière collective plus de 30 hectares de forêt. (...)

Abracadabois a non seulement « servi matériellement la lutte », en fournissant du bois pour les maisons, le chauffage, mais le groupement a aussi permis d’incarner cet autre mode d’habiter, ancré dans le bocage, que promouvait les anti-aéroports. (...)

3. Se réapproprier un projet pour lui donner du sens

En Ariège, une filiale d’Engie entend construire quatre éoliennes, sur la commune de Cintegabelle. Un groupe d’habitants a pris le parti de se réapproprier le projet : avec l’aide d’Enercoop Midi-Pyrénées, ils ont ainsi créé une coopérative de production d’énergie renouvelable, les Énergies d’Aganaguès. À force de plaidoyer, « ils ont peu à peu pris de la place dans le projet d’Engie Green, à tel point que l’entreprise a fini par signer un partenariat avec le groupe », explique Tatiana, d’Enercoop.

Une des quatre éoliennes sera donc gérée de façon indépendante, par les citoyens, afin que « les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux profitent directement à l’ensemble de la basse vallée de l’Ariège », précisent les habitants.

Certains ont critiqué une forme d’instrumentalisation. « Il faut faire attention à ne pas devenir le faire-valoir de l’entreprise, concède Tatiana. Mais il peut être intéressant de réorienter les projets, quand ceux-ci peuvent faire sens. » (...)

« La récupération de nos contre-projets est un vrai risque », pointe aussi un militant guyanais (...)

4. Passer du local au bassin de vie

D’après une enquête réalisée en 2021 par le sociologue Kévin Vacher, la moitié des collectifs en lutte mettent en œuvre des contre-projets, même s’il ne s’agit d’une action « cruciale » que pour 15 % des enquêtés.

Ces initiatives sont en effet « souvent chronophages et demandent de l’expertise », pointe le chercheur. (...)

ces contre-propositions permettent ainsi de « dépasser la critique locale et légitime des projets et de donner corps à des visions politiques plus globales et complètes ».