
Le Center for Countering Digital Hate, une ONG anglaise, a publié plusieurs études pointant l’inaction de Twitter en matière de modération. Des travaux que la plate-forme juge biaisés et partisans.
Dans un communiqué daté du lundi 31 juillet, Twitter – rebaptisé X – annonce avoir porté plainte contre le Center for Countering Digital Hate (CCDH, « Centre pour la lutte contre la haine numérique »). D’après le réseau social, l’ONG anglaise a tenu « une série d’affirmations troublantes et sans fondement, qui semblent calculées pour nuire à Twitter de façon générale, et plus spécifiquement à son activité de publicité numérique », selon les termes utilisés par l’avocat de l’entreprise dans une lettre envoyée au CCDH le 20 juillet.
Dans son courrier, Twitter centre ses accusations sur une série d’études publiées récemment par l’ONG, dans lesquelles cette dernière accuse la plate-forme de laisser prospérer des comptes haineux. Dans l’un de ces travaux, rapporte le New York Times, le CCDH avait ainsi constaté que, sur 100 comptes Twitter Blue signalés comme propageant un discours de haine, 99 n’avaient fait l’objet d’aucune sanction. (...)
Twitter, à la différence de Facebook, complique beaucoup le travail des chercheurs qui travaillent sur la haine en ligne, en gênant l’accès à certaines données, et en empêchant l’accès à d’autres.
Dans le courrier de son avocat, Twitter accuse par ailleurs, sans apporter pour l’heure d’éléments de preuves, le CCDH de se financer auprès de concurrents de Twitter et de « gouvernements étrangers ». Une accusation que l’ONG réfute dans les colonnes du New York Times, affirmant n’accepter « aucun financement d’entreprises technologiques ou de gouvernements ». « De la part d’un réseau social, c’est une montée en pression sans précédent envers les chercheurs, s’inquiète le fondateur de l’organisation, Imran Ahmed, cité par l’agence Associated Press. Musk a déclaré une guerre ouverte. S’il réussit à nous réduire au silence, d’autres chercheurs suivront. » (...)
Le Center for Countering Digital Hate, une ONG anglaise, a publié plusieurs études pointant l’inaction de Twitter en matière de modération. Des travaux que la plate-forme juge biaisés et partisans. (...)
Depuis l’arrivée du milliardaire à sa tête en octobre 2022, Twitter a assurément libéré la parole de certains membres du réseau social, mais également bloqué des comptes qui lui nuisaient personnellement. Par ailleurs, l’entreprise a envoyé des signaux particulièrement négatifs concernant sa lutte contre la haine en ligne, une problématique ancienne pour ses équipes.
Twitter fonctionne ainsi depuis plusieurs mois avec des moyens humains extrêmement réduits et s’est notamment débarrassé de l’essentiel de son équipe de modération, permettant aux contenus agressifs de prospérer. Sur son compte Twitter personnel, Elon Musk a multiplié les appels du pied au mouvement suprémaciste blanc américain, reprenant et amplifiant occasionnellement des arguments circulant dans la fachosphère et la communauté complotiste. M. Musk a également autorisé le retour sur Twitter de personnalités d’extrême droite au discours violent, dont certains défenseurs de théories nazies ou homophobes, acceptant notamment, il y a trois jours, la réactivation du compte du rappeur Kanye West, dont les déclarations antisémites avaient choqué en décembre 2022.
Dans les prochains mois, Twitter aura sans doute à s’employer sur d’autres fronts juridiques. Son changement de nom et de logo en X pourrait ainsi poser des problèmes de droits (...)
de même que le panneau géant installé sur ses locaux de San Francisco qui, s’il doit à présent être retiré, a fait l’objet de vingt-quatre plaintes ainsi que d’une enquête ouverte par la municipalité.