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Musée de l’Europe et de l’ Afrique
Ubu contre CAFCA : la pensée sociale « normale » au temps de la dictature austéritaire
Centre d’Economie du Bonheur du Musée de l’Europe
Article mis en ligne le 25 septembre 2012

Le Président du Conseil général du département de l’Ariège a piqué une grosse colère parce qu’un collectif d’usagers du RSA, CAFCA, dénonce comme humiliant et contre-productif les conditions de passage des allocataires en Commission de solidarité territoriale, et l’épée de Damoclès qu’elle fait peser sur des précaires tombés dans les dernières mailles du filet social. Lors d’une conférence de presse, il s’est martialement retranché derrière le respect de la loi et a lourdement insisté sur le « coût » pour les finances départementales, des Ariégeois les plus pauvres. Faisant superbement l’impasse sur les politiques austéritaires et les réformes néolibérales à l’origine de cette situation et renvoyant aux victimes de ces politiques la responsabilité de « s’insérer dans l’emploi durable », alors même que le pays compte désormais plus de 3 millions de chômeurs officiels (avec un taux de 12,1% en Ariège contre 8,4% il y a quatre ans) et que plus de huit millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

(...) sait-il seulement qu’il ne fait là que reprendre ce qui tient lieu de pensée sociale au néolibéralisme, s’inscrivant en droite ligne dans les conceptions des dames patronnesses de la Bourgeoisie du XIXè contre laquelle s’est forgée la pensée socialiste, celle qui consiste à trier les bons des mauvais pauvres, en ne se préoccupant nullement des raisons de la pauvreté ? En tous cas son vocabulaire n’en est pas loin : « C’est le Conseil général qui a la charge financière. Nous sommes donc en droit de contrôler et d’exiger des devoirs de la part de nos bénéficiaires » (...)

Comment s’étonner dès lors que les gens s’organisent pour éviter le pire quand on ne peut plus faire confiance aux responsables politiques pour l’empêcher malgré les changements de majorité ? C’est sans doute aussi cette compréhension directe des choses qui sépare les précaires des « insérés » qui évaluent leurs « efforts » lors de ces commissions d’ « insertion » (vocabulaire ésotérique totalement dépourvu de contenu : ce sont des commissions de « survie sociale » qu’il faudra bientôt créer et ceux que M. Bonrepaux a appellé « Les tricheurs (et ceux) qui se moquent de nous avec des projets ubuesques » seraient certainement d’excellents « formateurs ». Sans compter qu’on reconnaît en général un tricheur au fait qu’il est remarquablement inséré – à la Bernard Tapie par exemple, ou plus encore ces industriels qui dictent désormais la politique budgétaire et sociale – et non en situation de survivre avec des bouts de ficelle 50% en-dessous du seuil de pauvreté.) (...)