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Le Monde
Ukraine : la peur de la guerre gagne l’est et le nord de l’Europe
Article mis en ligne le 13 mars 2022
dernière modification le 12 mars 2022

La violence de l’offensive russe et l’arrivée de réfugiés ont réveillé les craintes et décuplé les rumeurs. Les habitants se ruent sur l’iode, l’essence ou les documents d’identité, et les autorités recensent les abris anti-aériens.

Entre rumeurs et réelles menaces, les pays de l’est et du nord de l’Europe sont peu à peu gagnés par la peur de voir le conflit qui ravage l’Ukraine toucher leur territoire. Depuis le début de l’offensive russe, le 24 février, la violence des attaques sur le terrain, doublée de l’arrivée massive de réfugiés, alimente les pires craintes. (...)

Parmi les plus proches voisins des Ukrainiens, les Moldaves vivent la peur au ventre. La guerre gronde si près de leur frontière : Odessa est à 180 kilomètres de la capitale, Chisinau. La moindre rumeur lancée sur les réseaux sociaux – et il y en a beaucoup – alarme la population. « Mercredi, le bruit courait que la Russie avait coupé l’approvisionnement en gaz, jeudi, c’était l’essence qui allait être rationnée, et vendredi, qu’il n’y aurait plus de sel. Cela crée des queues aux stations-service et certaines pénuries dans les magasins », raconte un expatrié français. Les hôpitaux s’approvisionnent en générateurs, par peur de coupures d’électricité. (...)

Ailleurs aussi, les stations d’essence seraient au bord de la rupture. Le 2 mars en Bulgarie, le 3 en Serbie, le 8 en Slovénie et le 10 en Hongrie, les stations-service ont connu une ruée inexpliquée des automobilistes sur les pompes. (...)

Les gouvernements de la région ont dû rassurer les populations et certains ont même annoncé l’ouverture d’enquêtes sur la propagation de ces rumeurs sur les réseaux sociaux. En Hongrie, les stations-service ont quand même introduit des plafonds de consommation. (...)

Ruptures de stock

Mais la peur d’une extension du conflit est aussi bien réelle. La Bulgarie a décidé dans l’urgence d’effectuer un recensement de ses abris antibombardements. Sur les 704 existant à travers le pays, 101 ont été déclarés totalement inutilisables, mais le chef de la Protection civile s’est voulu rassurant en déclarant que 900 000 personnes pourraient s’abriter dans le métro de Sofia en cas de conflit.

Dans sa pharmacie de Muranow, en Pologne, Anita Kowalewska envisage le pire et n’exclut pas une attaque nucléaire. Les préparations d’iode liquide – qui protège la thyroïde contre une exposition à la radioactivité – sont en rupture de stock dans le pays, mais la pharmacienne brandit fièrement une bouteille de solution concentrée : « Cela devrait suffire à confectionner une centaine de fioles. » La peur d’une attaque ou d’un accident nucléaire a aussi vidé les pharmacies roumaines en iode. (...)