Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
courrier international
Un an après la "victoire", des racines de l’EI poussent toujours en Irak
Article mis en ligne le 24 mars 2019
dernière modification le 23 mars 2019

Comme en Syrie aujourd’hui, l’Irak a déclaré, il y a plus d’un an, la "victoire" sur le groupe Etat islamique (EI). Pour autant, ses affidés continuent de tuer et de poser des bombes dans un pays où le terreau du jihadisme reste fertile.

Outre l’aspect militaire, le retour des 1,8 million d’Irakiens toujours déplacés, les centaines de procès "expéditifs", la misère sociale, les traumatismes créés par la succession de conflits et les profonds clivages entre communautés sont autant de fléaux qui ne seront pas réglés avant des années, préviennent les défenseurs des droits humains, qui redoutent que les radicaux recrutent parmi les laissés-pour-compte. (...)

La coalition internationale anti-EI continue également de mener des frappes en Irak, alors que les défis sont énormes : il faut sécuriser plus de 600 kilomètres de frontière avec la Syrie dans le désert, contrôler des zones montagneuses disputées par les Kurdes ou empêcher des infiltrations via les voies de contrebande. (...)

Au gré des affrontements et des fouilles depuis la reprise de Mossoul, les troupes ont arrêté "2.500 terroristes", indique le général Joubouri. Les forces irakiennes annoncent également régulièrement avoir tué des jihadistes dans des combats.

Mais elles perdent aussi des troupes dans des attaques.

Dans la seule province de Kirkouk, au nord de Bagdad, les jihadistes "ont mené 55 attaques à la bombe contre la police et endommagé plusieurs fois des installations électriques", dit à l’AFP le général Saker Kawin, de la police fédérale.

Des jihadistes y ont également abattu ces six derniers mois une dizaine de chefs de village, selon des responsables locaux.

Le long de la frontière, des combattants de l’EI, pris en étau entre forces irakiennes et syriennes, tentent régulièrement des incursions.

Si les forces irakiennes les repoussent souvent, "dans certains endroits, ils naviguent sans difficulté, avec armes et véhicules, (...) dans des oueds désertiques et des zones accidentées", indique une source de sécurité. (...)

l’appartenance à l’EI est devenue "un joker" qu’on peut sortir à tout moment "pour des différends familiaux ou de voisinage" (...)

Alors que l’ONU enquête sur les possibles "génocide", "crimes de guerre" et "crimes contre l’Humanité" de l’EI, Amnesty a aussi dénoncé l’exploitation sexuelle des femmes soupçonnées de liens avec le groupe ultra-radical dans les camps.

"Les enfants n’oublieront pas que leurs mères ou leurs familles ont été humiliées", prévient Mme Salihy, qui qualifie cette génération de "bombe à retardement".

A cela s’ajoutent les centaines de procès, expéditifs après des aveux obtenus sous la torture selon les défenseurs des droits humains, ainsi que les maux traditionnels de l’Irak, en tête desquels la corruption et la pauvreté endémiques. (...)

Quant aux déplacés rentrés chez eux, à l’image d’Oulo Racho, commerçant yazidi de 45 ans, ils sont loin d’avoir retrouvé leur vie d’avant.

"Certes, on a été libérés, mais on n’a toujours aucun service, pas d’hôpital, aucune activité", se lamente-t-il devant son échoppe déserte du nord irakien.

Certains commencent même à soupirer : "au moins sous l’EI, on avait à manger", affirme Mme Salihy.