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Mouvements
“Un goût de sang dans la jungle” : l’empire américain revisité
Par Philip S. Golub
Article mis en ligne le 17 octobre 2009
dernière modification le 16 octobre 2009

INTERVENTION. Le Prix Nobel de la Paix vient d’être attribué à Barack Obama. Une décision surprenante, sachant que les USA occupent militairement l’Irak et l’Afghanistan, qu’ils ne sont pas parvenus à infléchir la politique israélienne mais sont restés les témoins passifs de la guerre de Gaza. C’est aussi sur sa capacité à changer radicalement d’approche que sera jugé le nouveau prix Nobel de la Paix, mais pour l’heure, la politique étrangère des USA s’inscrit dans le droit fil de l’impérialisme. Mouvements vous propose donc de (re)lire cette analyse historique de l’impérialisme US, par Philip S. Golub.

« Les Etats-Unis ont une histoire de conquête, de colonisation et d’expansion territoriale inégalée par les autres peuples au XIXe siècle, et rien ne nous arrêtera maintenant ». – Sénateur Henry Cabot Lodge, 1895.

« Désormais, nous sommes un empire, et quand nous agissons, nous créons la réalité. » – Haut fonctionnaire américain lors de la préparation de la guerre en Irak, 2002.

...Aujourd’hui, l’imperium étatsunien n’est ni formel au sens attribué classiquement aux empires territoriaux, ni entièrement informel. La sphère informelle — « l’empire transnational non territorial [6] » — opère à travers les structures financières, commerciales et technologiques mondialisées ; les institutions de gouvernance internationale publiques et privées ; la diffusion de normes, de manières d’être et d’agir à l’échelle mondiale (par exemple le « consensus de Washington »). Cependant, elle repose sur une structure de sécurité planétaire établie pendant et après la deuxième guerre mondiale qui enserre le monde et inhibe les transformations. La violence potentielle et souvent actualisée de cette structure a toujours assuré et assure encore la prégnance du domaine informel plus large...

Ces structures enchevêtrées d’influence et d’autorité engendrent les disciplines ouvertes ou souterraines de l’ordre impérial mondial.

Les Etats-Unis sont donc actuellement décrits par des auteurs américains et britanniques comme un « nouvel empire », un « empire en devenir », un « empire lite », un « empire bienveillant », un « empire qui ne s’assume pas » (in denial), un « empire de la consommation », ou, de façon plus classique, un « empire malgré lui » (reluctant empire), un « empire accidentel », un « empire par invitation »... mais très rarement comme un empire tout court...