Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Nonfiction.fr
Un pourcent rafle tout !
Titre du livre : Le prix de l’inégalité Auteur : Joseph E. Stiglitz Éditeur : Les liens qui libèrent
Article mis en ligne le 8 mars 2013
dernière modification le 5 mars 2013

La plus grande partie des bénéfices tirées de l’économie américaine va aux plus riches sans que le système politique s’en émeuve.

Après avoir montré dans son précédent livre que l’inefficacité et l’instabilité des marchés, en particulier des marchés financiers, bien mises en évidence par la crise financière, appelaient un renforcement de la réglementation et de l’action de l’État dans tout un ensemble de domaines (cf. Haro sur la finance !), l’auteur revient dans celui-ci sur l’accroissement des inégalités, pour montrer qu’il s’agit là d’une source majeure d’inefficacité dans le fonctionnement de l’économie. (...)

Le livre n’exclut ni les longueurs ni les redites, liées en partie à sa construction même ; d’une certaine façon, elles contribuent à la force du plaidoyer qu’il constitue en faveur d’une réforme radicale des idées et des orientations politiques qui prendrait davantage en compte la situation de la grande majorité des citoyens. Même si l’appareil théorique qu’il mobilise est plus important et moins centré sur la demande globale, Stiglitz rejoint ici, sur beaucoup de points, l’analyse de Robert Reich (dans Aftershock, publié en 2010), en particulier dans la dénonciation de la colonisation, grâce à l’argent et au lobbying, des centres de décisions et de la pensée économique par les détenteurs des grandes fortunes (cf. Mieux répartir les revenus (...).

la montée des inégalités a un coût : les sociétés très inégalitaires ne fonctionnent pas efficacement, et leurs économies ne sont ni stables ni durables à long terme. Les plus riches détournent à leur profit des ressources qui seraient mieux employées autrement. La concentration des revenus au sommet déprime la demande globale du fait d’une moindre propension à consommer ; ce qui, si on s’interdit d’augmenter les dépenses publiques, ne laisse pour soutenir la demande que des options très risquées à moyen terme, comme la distribution de crédit à tout va. Le discours visant à légitimer ces inégalités prône une déréglementation, donnant toute liberté aux entreprises, notamment au secteur financier, dont on a pu mesurer les effets, et une réduction de l’investissement public, qui conduit tout droit à un sous-investissement dans les infrastructures, l’enseignement public, la protection sociale et la recherche. Enfin, devant une telle situation, les travailleurs n’ont pas le sentiment d’être traités équitablement, ce qui nuit à leur motivation. (...)