
Décidément les temps actuels de capitalisme en crise ont de quoi renforcer notre questionnement permanent. Les révoltes, manifestations, mouvements de masse se multiplient, gagnent en intensité, perdurent, s’étendant du Maghreb/Machrek à l’Europe, à l’Amérique latine, à la Chine, aux Etats–Unis… Est-ce décisivement l’autre face de la mondialisation ?
Les analyses et conclusions abondent, se contredisent, se chevauchent, à mesure que les mouvements s’étendent. Pour le moment il est bien malaisé de se faire une conviction arrêtée, mais on peut déjà regrouper les interprétations de fond en deux familles distinctes, éloignées ou différentes, aux conclusions pourtant similaires.
D’une part celle qui voit dans le bouillonnement actuel l’amplification d’une tension assez générale, latente mais préexistante, que les printemps arabes ont encouragée et accélérée. (...)
L’autre interprétation se réfère plus directement à un changement géopolitique global où les dirigeants mondiaux majeurs doivent actuellement lâcher du lest « démocratique » dans les pays arabes pour y maintenir leur prépondérance et éviter une bascule de ces pays vers la Chine et les NPI
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Ces deux visions se situent en fait sur deux plans différents et se réfèrent à des dimensions et à des horizons distincts : d’une part focalisation régionale sur le monde arabe d’un renversement de jeu à court terme, de l’autre mouvement sociaux à long terme en extension planétaire.
On peut privilégier l’une ou l’autre, ou les deux : elles se conjuguent en effet plus qu’elles ne s’excluent. Le plus encourageant est qu’elles aboutissent à une même conclusion : ne pas se décourager et appuyer partout ce printemps face à un capitalisme décadent et à ses dictatures dérivées, qui ne peuvent plus durer. Une oeuvre réconfortante, de longue haleine.