
C’est une catastrophe souterraine que révèle dans un rapport du 6 avril l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Un tiers de l’eau potable distribuée en France serait non conforme à la réglementation et pollué par les métabolites du chlorothalonil, un pesticide commercialisé par Syngenta, utilisé depuis 1970 et interdit en 2019. Dans un article du Monde, un responsable technique d’un gros opérateur public dit être « convaincu que plus de la moitié de la population française est concernée ». Certaines eaux embouteillées ne seraient également pas épargnées.
De grandes zones densément peuplées sont touchées, notamment l’ensemble du Bassin parisien, capitale incluse. Mais le milieu rural aussi.
(...) Les conséquences sont d’abord économiques. (...)
Les filières de traitement conventionnelles ne parviennent pas à se débarrasser de cette molécule. Aucun effet sanitaire du métabolite en question n’est avéré à ces doses d’exposition, mais les données restent pour l’instant très lacunaires.
Selon Le Monde, la Première ministre Élisabeth Borne a été mise au courant de la situation le 26 mars, soit quatre jours avant que le président de la République Emmanuel Macron ne présente son Plan eau. Le constat de la contamination des ressources hydriques par des métabolites de pesticides en est toutefois absent. Le jour de l’annonce du plan, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, annonçait en outre sa volonté de maintenir en usage le S-métolachlore, dont les métabolites sont également responsables d’une pollution à grande échelle des nappes phréatiques françaises.
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(...) C’est une catastrophe comme les producteurs d’eau potable n’en ont sans doute jamais connue, dont la facture pourrait se chiffrer en milliards d’euros et dont une part importante risque de demeurer durablement ingérable. Depuis plusieurs mois, un peu partout en France, les régies et les sociétés délégataires du service public de l’eau potable s’alarment de découvrir des concentrations élevées d’un produit de dégradation (ou « métabolite ») du chlorothalonil – un pesticide commercialisé par Syngenta, utilisé depuis 1970 et interdit en Europe en 2019.
Ces inquiétudes sont fondées. Dans un rapport qui doit être rendu public jeudi 6 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) confirme la présence quasi généralisée du métabolite en question – le R471811 –, dans les eaux de surface et souterraines de métropole. Ce dernier n’était pas recherché jusqu’à tout récemment, les laboratoires agréés n’étant pas tous capables de le mesurer. (...)