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ATTAC 33 Le Ptitgrain n°504
Une Europe toujours sous emprise libérale
Jean-Luc GASNIER Enseignant, président d’ATTAC33
Article mis en ligne le 29 mai 2019

Une nouvelle fois, malgré un petit regain de participation, les élections européennes n’ont pas véritablement mobilisé l’électorat, un électeur sur deux ne s’est pas déplacé. L’Union européenne dans sa forme actuelle n’est pas une construction démocratique, respectueuse des citoyens, mais un grand marché et un terrain de jeu permettant aux multinationales de profiter de disparités fiscales et sociales. Pour la grande majorité des électeurs, c’est un carcan incontrôlable, insaisissable, un monstre froid dirigé par une Commission nommée par les gouvernants et sous l’emprise permanente des lobbies, une sorte de nébuleuse technocratique qui les enveloppe et les soumet à la loi du marché.

L’Europe, c’est l’alibi incontournable des gouvernements pour imposer la rigueur aux plus démunis, un instrument de domination au service de l’oligarchie industrielle et financière qui n’hésite pas à s’affranchir du vote des citoyens quand le résultat ne lui convient pas. Depuis 2005, c’est le symbole même du mépris des élites pour le peuple et d’une dépossession démocratique qui va grandissant. L’Europe de la prochaine mandature sera toujours l’instrument d’un capitalisme financier, fondamentalement contraire à l’intérêt des peuples et de la planète.
Déjà les chefs d’Etat et de gouvernement entament des négociations afin de placer aux postes clé les meilleurs relais et points d’appui pour justifier la rigueur budgétaire et le dépérissement des services publics dans chacun des états membres. La progression du vote écologique n’est pas pour l’instant susceptible d’entraîner un changement majeur de politique et le risque est grand de voir se diluer le groupe des écologistes au Parlement dans la majorité libérale.

En France, les enjeux du scrutin ont été de plus totalement pervertis et détournés par Emmanuel Macron qui agite en permanence l’épouvantail de l’extrême droite pour tenter de conserver son assise électorale. Les instituts de sondage et l’agitation médiatique ont fait le reste : une décantation délétère s’est opérée pour ne laisser qu’un surnageant nauséabond, un agglomérat écoeurant réunissant “La République en marche” et le “Rassemblement national”. En France, le vote a été pris en otage.

Emmanuel Macron afin de mieux masquer sa défaite et son discrédit grandissant s’est ouvertement réjoui de la hausse du taux de participation, allant jusqu’à déclarer qu’il en avait fait l’enjeu principal de cette élection.
Glisser un bulletin de vote dans l’urne peut être perçu comme un acte de participation citoyenne minimum si l’on veut changer les choses sans violence mais n’est ce pas plutôt désormais le petit geste qu’on vous demande de faire à chaque élection pour continuer à cautionner un système qui ne fonctionne qu’au service des gouvernants ?
Et comment réveiller le peuple de gauche quand les partis qui s’en réclament ont encore démontré que les égos et les logiques d’appareil prévalent sur le réchauffement climatique et la désespérance sociale ? Le choc de ces élections sera-t-il salutaire ?
La démocratie suppose des citoyens informés et conscients des enjeux et non pas des spectateurs sous l’influence perverse de médias qui mentent et de sondages biaisés.