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Une association « agriculturelle » dynamise un village en Côte-d’Or
Article mis en ligne le 16 février 2019

Depuis 2015, en seulement trois ans, à partir d’un appel lancé par deux couples nouveaux arrivants, la commune de Mâlain, à 20 km à l’ouest de Dijon, a vu se développer tout un chapelet d’initiatives écologiques et solidaires.

Après dix ans dans l’agglomération lyonnaise, Léo et Myriam ont souhaité changer d’air, mus par l’envie de favoriser les initiatives hors du milieu urbain. En compagnie d’un autre couple, Claire et François, ils se sont installés à Mâlain, 740 habitant·es, relié à Dijon par le train. La mairie leur a permis de disposer d’un bâtiment d’environ 800 m2 habitables et de trois hectares de terrains agricoles. Le tout face à la gare, à l’extrémité du village, donc proche des champs.

Les deux couples ont mis en place trois structures : une société civile immobilière (SCI) pour acheter le bâtiment, un groupement foncier agricole (GFA) pour acheter les terrains agricoles, et une association, Risomes (réseau d’initiatives solidaires mutuelles et écologiques), « pour promouvoir les transitions et ruptures nécessaires pour un monde plus juste ».

Le projet de GFA consiste à remettre la main sur le foncier agricole pour aider l’installation paysanne dans le cadre d’une agriculture nourricière. Il a fait l’objet d’une première réunion en février 2015, où il a été proposé à la centaine de personnes présentes de participer à sa création par une participation au capital d’achat collectif des premières terres, avec pour second objectif d’en acheter d’autres. 36.000 euros ont été collectés en deux mois auprès de 103 personnes. (...)

« Un rapide calcul économique montre que si tous les œufs étaient produits dans des poulaillers bio de petite taille (500 à 700 poules en vente directe), cela créerait 160.000 emplois en France, contre 15.000 générés par la filière industrielle actuellement. » (...)

L’avantage est que toutes ces initiatives sont concentrées en un même lieu. Ainsi, une vente directe est organisée sur place les mardis et vendredis. On peut déjà venir chercher bières, pain et œufs.

Autour de ces activités rémunératrices se développent d’autres activités associatives et bénévoles. (...)

Depuis leur création en 2016, les huit « groupes action » du Risomes fourmillent d’idées. Le fonctionnement horizontal de l’association y contribue grandement. L’un d’eux coordonne un projet d’épicerie coopérative. Un groupe de solidarité avec les migrant·es essaie de trouver des solutions de logements et d’éviter les expulsions. Une université populaire et buissonnière propose des débats en lien avec la transition, les choix technologiques (Linky, Bure), l’alimentation, etc. Cela passe notamment par un « arpentage de livres, c’est-à-dire des lectures collectives qui se tiennent dans le café, mais aussi des enquêtes autour de la question de l’alimentation, ce qui permet de créer un lien dans le village entre des personnes de différentes générations ». « À la différence du milieu universitaire, les enquêtes se font ici selon l’envie des personnes et non avec une structure méthodologique précise (...)

Le Chauffe-Savates, café associatif du Risomes, a été aménagé sur le lieu grâce à des chantiers collectifs et à un financement participatif. Ouvert depuis le début de l’année 2019, il propose, le premier vendredi de chaque mois, différentes animations autour d’une petite restauration : concert, théâtre, cinéma, musique… Cela permet de rencontrer à chaque fois des têtes nouvelles. Le reste du temps, la salle sert de local associatif aux groupes Risomes et est proposée à la location à d’autres structures.

L’association a également lancé un festival biennal, Atout bout d’champ, dont la première édition, en 2017, a réuni une dizaine de stands associatifs, deux librairies, sept concerts, cinq conférences. Il y a eu 1.300 entrées. (...)

Une commission enfants réunit cinq enfants âgés de 7 à 11 ans. Ce sont eux qui ont demandé, lors d’une assemblée générale de Risomes, de pouvoir se réunir indépendamment, sans la présence d’adultes. « Pour le moment, ils discutent pour savoir comment fonctionner entre eux sans adulte. »

Les structures mises en place (association, GFA et SCI) permettent d’évoluer facilement dans un cadre collectif et selon les envies de chacun·e. (...)

L’enjeu est bien d’amplifier la dynamique et de continuer à faire vivre cette aventure agriculturelle.