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Une école sans note, sans programme, sans leçon, et qui réussit, ça marche
Article mis en ligne le 4 septembre 2019

Laisser les enfants choisir leurs objectifs, supprimer la hiérarchie, oublier les classes d’âge et le programme scolaire… Les écoles pratiquant une pédagogie alternative se multiplient en France, bousculant les certitudes. Et si l’Education nationale s’y mettait ?

En se demandant ce qui se passerait si les solutions n’étaient pas alternatives, mais appliquées à grande échelle. (...)

Ce constat que l’école publique ne répond pas aux besoins de tous semble de plus en plus partagé. Selon le réseau Eudec (European Democratic Education Community), auquel appartient l’École dynamique, il y avait trois écoles démocratiques en France en 2014, une dizaine supplémentaire à la rentrée 2015, et pas moins d’une quarantaine sont en projet. « Je pense que cela n’a pas fini de fleurir », prédit Célina Kechichi, qui s’occupe de la communication du réseau. (...)

« Au niveau européen, on remarque une dynamique et l’enthousiasme de la France surprend », assure-t-elle, expliquant que « de nombreux parents ne se retrouvent plus dans les propositions de l’Éducation nationale. Certains optent pour l’instruction en famille par défaut, mais préfèreraient une structure adaptée, où les enfants restent en contact avec leurs pairs ». (...)

Le mouvement des écoles alternatives s’appuie sur les travaux de nombreux pédagogues (Freinet, Montessori, Steiner...), mais plus d’un siècle après son lancement, il semble connaître un nouvel élan. Les établissements ne suivent généralement pas un modèle unique et se construisent dans le tâtonnement. « Beaucoup se heurtent au fait que la réalité ne colle pas tout à fait avec le modèle abouti qu’elles voulaient mettre en place, remarque Bernard Collot. Mais elles ont une force de démonstration qui devrait faciliter les remises en question. » (...)

De quoi assouplir le cadre imposé par l’Éducation nationale ? Financièrement, la porte est close. Loyer, salaires, fonctionnement… à ce jour, pour les écoles privées hors contrat, l’Éducation nationale ne prend rien en charge. (...)

Si ces écoles accédaient un jour au statut sous contrat (ce qui n’est possible qu’après cinq ans d’activité), elles pourraient devenir accessibles au plus grand nombre. « Si l’on considère que ces écoles sont bonnes pour les enfants, il ne devrait plus y avoir d’école privée et publique. Il devrait y avoir des écoles autonomes, subventionnées au même niveau », envisage Ramïn Farhangi. Le fondateur de l’école parisienne ne prétend pas pour autant que le modèle de l’École dynamique devrait être transposé partout. La liberté de choix fait partie des revendications des militants de ces pédagogies alternatives. (...)

l’institution ne s’oppose pas formellement aux propositions novatrices. Les écoles qui appartiennent à la Fédération des établissements scolaires publics innovants (Fespi) ont par exemple pour objectif de « proposer, dans le cadre du service public d’éducation, une offre pédagogique alternative et de contribuer à l’évolution démocratique de l’école ». Le délégué général de cette fédération, Bastien Sueur, est professeur de philosophie au Lycée de la nouvelle chance (LNC) et il est convaincu de « la possibilité du système de se réformer de l’intérieur » (...)

« Il faut que cela soit public, car l’innovation n’est pas que pour quelques-uns, elle n’a de sens que si elle favorise la réussite du plus grand nombre. Nous croyons dans le caractère institutionnel, le cadre dont les adultes sont les garants, la nécessité d’avoir des objectifs communs », précise Bastien Sueur. Autorisés au compte-goutte, les projets soutenus par la Fespi continuent de voir le jour, comme ce collège coopératif qui ouvrira ses portes à Aubervilliers en 2018. (...)

Nombre d’enseignants s’intéressent à des projets pédagogiques différents. (...)

« Si l’écologie est admise par tous comme une nécessité et une grille d’analyse, on va bien finir par comprendre que les enfants font partie de notre écosystème autant que les grenouilles et que les écoles casernes sont autant néfastes que les fermes de mille vaches ! »