
Alors que l’expulsion des réfugiés de la « Jungle » de Calais comme des occupations parisiennes de migrants focalisent l’attention des média internationaux, les évacuations des terrains occupés par des Roms n’ont pas suscité de vagues d’indignation ni de solidarité. En effet le troisième trimestre de 2016 marque une forte reprise après la relative pause constatée au deuxième trimestre 2016. Contrairement aux réactions suscitées par les scènes tragiques qui se sont déroulées à Calais, les expulsions de Roms se sont passées quasiment inaperçues dans l’espace médiatique et dans la société.
Durant le troisième trimestre 2016, 2 546 personnes roms vivant sur 21 lieux de vie ont été expulsées de force par les autorités. Ceci représente une augmentation drastique par rapport aux 932 Roms expulsés pendant le trimestre précédent. A cela s’ajoute le nombre de 30 personnes qui ont été évacuées suite à un incendie.
Seules 8 opérations ont été lancées dans le cadre d’une décision de justice après une assignation engagée devant les tribunaux par les propriétaires des terrains ou des squats. Les 13 autres l’ont été de manière volontaire à l’initiative des préfets ou des maires suite à un arrêté d’insalubrité ou de péril. L’analyse des terrains selon le type de propriétaire montre que 15 terrains évacués de force sont publics, et aucun ne faisait l’objet d’un projet justifiant l’urgence d’une telle évacuation.
Sur ces 21 évacuations effectuées par les autorités, 13 seulement ont été accompagnées de propositions de relogement. Ces propositions de relogement concernent un nombre limité de personnes. De plus, la plupart des réponses apportées l’ont été en hébergement temporaire. L’absence de solutions de relogement pérennes ne faisant que reporter les difficultés en maintenant la grande précarité des personnes concernées. (...)
L’appel lancé, le 29 juin dernier, par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme, l’Agence européenne des droits fondamentaux et le Conseil de l’Europe, dénonçant le coût humain des expulsions, a manifestement été encore ignoré par les pouvoirs publics français pendant le troisième trimestre. Ils appelaient aux solutions de relogement et d’hébergement pérennes dans l’objectif d’éviter des futures évacuations et affirmaient que les expulsions forcées sont justifiables uniquement dans les circonstances les plus exceptionnelles et lorsqu’elles sont exécutées elles doivent respecter les garanties internationales en matière juridique (...)