
La science vient de le confirmer : ni la richesse ni la gloire ne valent un bon copain
Vous êtes riche ? Vous êtes célèbre ? Ça ne vous empêchera pas d’avoir une santé pourrie, alors même que vos anciens copains de classe qui ont anonymement pointé à l’usine ou gratté du papier pour pas cher toute leur vie affichent une santé insolente à l’heure où sonne la retraite. Parce que eux, on les aime pour de vrai. Telle est la conclusion que l’on peut tirer d’une étude dirigée par le professeur Robert Waldinger et rapportée par le Washington Post.
(...) Cette étude, la plus longue jamais réalisée sur le développement humain, a débuté en 1938. Cette année-là, les chercheurs ont sélectionné des étudiants de Harvard (dont le futur président Kennedy) pour examiner sur le long terme chaque aspect de leur vie. Dans les années 1970, l’équipe de chercheurs s’est mise à collaborer avec une autre équipe qui menait depuis les années 1940 le même genre d’étude sur de jeunes hommes de quartiers pauvres de Boston. Tous étaient des hommes, tous étaient blancs, mais leur statut social était très différent.
L’étude comptait au départ 724 participants. Il en reste une soixantaine, tous âgés de plus de 90 ans. Depuis plus de soixante-dix ans, le bien-être physique et émotionnel de ces hommes est évalué tous les deux ans. Waldinger rapporte avec humour que les participants issus des quartiers défavorisés de Boston demandent régulièrement pourquoi les chercheurs s’intéressent à leur vie, qu’ils estiment n’avoir aucun intérêt... alors que les anciens de Harvard ne posent jamais cette question !
Si l’étude à l’échelle d’une vie humaine a permis de tirer bon nombre de conclusions, il apparaît que l’une d’entre elles se distingue de toutes les autres : les participants des groupes les plus heureux et en meilleure santé sont ceux qui ont entretenu au fil de leur vie des relations proches et intimes avec d’autres personnes, que ce soient des relations amicales, amoureuses ou au sein de leur communauté.
Waldinger était parvenu à cette conclusion depuis longtemps lorsqu’il est devenu le quatrième directeur de cette étude en 2003. Sa première démarche a alors été de convoquer les épouses des participants encore en vie et d’étudier l’impact de leur vie de couple sur leur santé à elles. Conclusion : les plus heureuses en ménage étaient... plus heureuses de façon générale et surtout, en meilleure santé que les autres.
Dans sa conférence Ted, Waldinger souligne que les projections des médias sur ce qui fait le bonheur –l’argent et la gloire– ne sont pas les ingrédients ni de la santé, ni du bonheur. C’est pourtant ce qu’avaient répondu les jeunes des années 1940, lorsqu’on leur avait demandé ce qui ferait d’eux des gens heureux. Et les jeunes des années 2000 ont répondu exactement la même chose. Il semblerait que ces anciens jeunes et ces futurs vieux fassent tous fausse route.
Mais attention ! Toutes les relations ne fonctionnent pas. Les amis Facebook ne comptent pas, par exemple. Et il ne suffit pas non plus d’avoir un partenaire : il faut aussi être heureux à deux (...)