
La discrimination à l’égard des femmes a dégénéré dans un quartier de la ville de Beit Shemesh, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem. L’étincelle a été l’histoire d’une petite fille de huit ans, Na’ama Margolese, d’origine américaine, filmée par une chaîne de télévision se faisant insulter et cracher dessus par des extrémistes Haredi (« craignant Dieu ») alors qu’elle se rendait à son école religieuse. Le motif : sa tenue vestimentaire, jugée pas suffisamment « modeste ».
(...) Le statut personnel est contrôlé par les religieux en Israël, rappelle Rachel Liel, directrice du NIF en Israël (New Israel Fund, association qui promeut l’égalité, la démocratie et la justice). Ce sont en effet des « tribunaux religieux » qui jugent les affaires de statut personnel tels que le mariage, le divorce ou encore la garde d’enfant, et ceci selon la « loi religieuse ». Car en Israël, il n’y a pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat. (...)
la séparation entre hommes et femmes dans les bus a commencé de façon très localisée, seulement dans certains quartiers ultra-orthodoxes « mais la Cour suprême a déclaré que ce n’était pas si grave », s’écrie Rachel Liel. Nous savons maintenant que cela a essaimé un peu partout, et nous sentons une atmosphère antidémocratique qui permet que ce type de situation se produise, non seulement dans des quartiers ultra-orthodoxes, et pas simplement dans les bus, mais également sur les affiches publicitaires, dans l’armée, au travail... C’est la raison pour laquelle tout le monde est si effrayé, et c’est pourquoi nous avons organisé une grande manifestation pour focaliser notre attention sur ce grave problème ».
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Selon Rachel Liel, les responsables politiques ont « laissé la situation s’envenimer, sans intervenir. Pendant ce temps, les extrémistes orthodoxes ont occupé l’espace et imposé leurs règles qui, pour beaucoup, sont devenues l’usage » : des entrées différentes pour les femmes que pour les hommes à certains supermarchés, à des cabinets médicaux, des bureaux de poste, des files d’attente différentes pour les hommes et pour les femmes aux caisses de certains supermarchés, des femmes parfois interdites d’assister à des obsèques… Et dans l’armée, les commandants ont depuis quelques temps refusé aux femmes soldats le droit de chanter avec les hommes.
Dans certains quartiers, des panneaux intiment l’ordre aux femmes de changer de trottoir devant les synagogues, ou encore de se vêtir « modestement », c’est-à-dire avec manches et jupe longues et la tête couverte d’un foulard. A Jérusalem, des groupes extrémistes interdisent et arrachent des panneaux publicitaires représentant des femmes. Pourtant, Israël a ratifié un grand nombre de textes internationaux sur l’égalité des sexes, et son arsenal législatif est en pointe, notamment sur le harcèlement sexuel ou encore le droit du travail, les congés maternité, souligne Rachel Liel. Mais souvent ces lois ne sont pas appliquées ».
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