
Une introduction collective aux pédagogies critiques, en hommage au pédagogue Paulo Freire, à l’heure où le président brésilien Jair Bolsonaro entend en éradiquer l’héritage.
L’ouvrage collectif Les pédagogie critiques fait suite à l’organisation en mai 2017, à l’occasion des 20 ans de la mort du pédagogue brésilien Paulo Freire, d’une après-midi hommage public organisée à Paris. Cette parution en janvier 2019 est d’autant plus symbolique que cette date marque aussi l’arrivée au pouvoir au Brésil du Président d’extrême-droite Jair Bolsonaro. Or celui-ci a fait de l’éducation une priorité de son mandat et de l’éradication de l’influence de l’oeuvre de Paulo Freire un objectif majeur .
Dans son introduction à l’ouvrage, Irène Pereira présente l’intérêt de la diffusion des pédagogies critiques dans le contexte français. Il s’agit d’une part de mieux distinguer entre pédagogies néolibérales et pédagogies à visées émancipatrices. D’autres part, leur enjeu est de mieux articuler plusieurs objectifs d’émancipation, comme la lutte contre les inégalités sociales et le refus de toutes les discriminations dans la pratique pédagogique. (...)
Le deuxième chapitre, écrit par Irène Pereira, propose une présentation internationale des différents courants de la pédagogie critique à l’étranger. L’auteure y insiste sur les orientations les plus actuelles d’un courant qui existe depuis près de 40 ans dans les aires linguistiques anglophone, hispanophone et lusophone. Elle met en valeur la manière dont les différentes sous-orientations de la pédagogie critique tendent désormais à se ré-articuler dans une perspective intersectionnelle imbriquant les problématiques de classe sociale, de genre et de racisation.
Le troisième chapitre présente les expérimentations du groupe de pédagogie féministe Traces. La pédagogie critique féministe est en effet un des sous-courants de cette perspective. Les auteur-e-s y présentent un certain nombre d’interrogations et de pratiques qu’elles ont élaborées en France depuis ces dernières années.
Le quatrième chapitre, signé par Laurence de Cock, porte sur l’histoire et la pédagogie décoloniales. (...)
Jean-Yves Mas développe ensuite une critique des récupérations néolibérales et managériales des pratiques issues des pédagogies nouvelles. Il attire l’attention des militants pédagogiques sur les risques d’un manque de vigilance à cet égard si l’on souhaite maintenir la visée émancipatrice au sein de la pédagogie. (...)
Pour terminer, la conclusion rédigée par Laurence De Cock revient sur les réticences qu’il faut lever pour développer en France plus amplement les pédagogies critiques. En particulier, elle mène une réflexion visant à essayer de savoir ce que peut-être des « savoirs émancipateurs ».
L’ouvrage dans son ensemble se veut une introduction pluraliste à différents aspects des pédagogies critiques : proximité avec la pédagogie de Celestin Freinet, dimension internationale de ce courant pédagogique, pédagogie féministe, pédagogie décoloniale et anti-raciste, lutte contre la récupération néolibérale des pédagogies, lien entre pédagogie critique et empowerment en éducation populaire...