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Une journée chez les « fous furieux » et les « délinquants violents » de Notre-Dame-des-Landes
Jocelyne Lefrère habite en Anjou. Avec cinq autres personnes engagés dans le soutien aux opposants au projet d’aéroport, elle s’est rendue sur la ZAD fin octobre
Article mis en ligne le 6 janvier 2016

Voici le témoignage d’une première visite sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes à l’automne 2015. Entre rencontres avec les habitants, découverte des projets en cours, des cabanes et des lieux chargés de l’histoire de la lutte, les « observations et ressentis » de la visiteuse sont aux antipodes de l’image de violence véhiculée par les médias et certains hommes politiques.

Tout d’abord, je vous prie de m’excuser pour ce titre racoleur mais je n’ai fait que reprendre les propos de Monsieur Retailleau, tête de liste aux élections régionales [1] (parti Les Républicains et président du groupe de droite au Sénat), qualifiant ainsi les occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Je viens, par ce texte, témoigner modestement de ce que j’ai découvert sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, vendredi et samedi 30 et 31 octobre 2015. Ce sera un simple témoignage de mes observations et de mes ressentis.

Je décidai avec cinq personnes d’Angers et de Saumur engagées dans le soutien aux opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes depuis longtemps (engagement personnel réfléchi, argumenté et motivé suite aux violences policières de 2012 lors de l’opération César sur le site de NDDL), de participer à une réunion organisée par les occupants de la ZAD sur un projet d’action d’information.
Le bec malodorant des manipulateurs d’opinion

Je précise qu’il ne s’agit ni de casser ni de détrousser le bon peuple de France : la non-violence et l’idée d’informer le public sous-tendent cet événement.

La réunion s’est tenue dans un hangar et a rassemblé une quarantaine de personnes parties prenantes dans ce projet (occupants de la ZAD pour la plupart mais aussi représentants des comités de soutien).

Je fus sidérée par la rigueur de la tenue de cette réunion, rigueur et efficacité dont nos députés, à l’Assemblée nationale, feraient bien de s’inspirer (...)

La cabane aménagée nous a laissés perplexes : tout était là pour y vivre vraiment et accueillir le passant bienveillant : vaisselle, matelas et confort satisfaisant. La construction exclusivement en matériaux de récupération (palettes, fenêtres, portes...) nous a sidérés. Dehors, une douche solaire fonctionnelle, des toilettes sèches, un potager délaissé depuis quelques semaines par son jardinier parti pour d’autres luttes et d’autres soutiens. Les souris avaient un peu occupé les lieux pendant son absence mais nous y avons mis bon ordre en les dérangeant.

L’un d’entre nous, très au fait de la vie sur la ZAD, avait décidé, le lendemain, de nous faire partager ses connaissances, ses amitiés, et de nous faire toucher à la réalité positive, créative et enthousiaste de la ZAD : ce fut réussi. (...)

Passage par la « route des chicanes » oblige : certains d’entre nous ne connaissaient pas ce vestige des anciennes barricades du temps où la police investissait régulièrement les lieux. La vigilance reste de mise ici et les barricades ne sont pas loin, tapies dans les fossés, prêtes à resurgir à la moindre alerte. La gardienne du temple nous raconte les dernières péripéties d’un camion fantôme qui est arrivé là on ne sait comment, chargé de bouteilles volées : provocation ? intimidation ? Désinformation certaine puisque les médias s’en sont fait les gorges chaudes !!!
Des artisans de l’esprit mais pas que

Au Liminbout, nous sommes accueillis par un grand panneau : « SUR LES RUINES DE LEURS FOLIES, NOUS CONSTRUISONS NOS VIES. » Une auberge est en construction et là, pas en palettes ! Poutres, construction en dur, magnifique espace qui doit être investi par les « Q de Plomb ». Il faut aller voir sur leur blog. (...)

Nous repartons pour Angers, il est 17 h 30... Difficile de quitter les lieux et leurs habitants, de retrouver notre monde individualiste et matérialiste... On ne revient pas indemne quand on va sur la ZAD... Mais pas au sens où on essaie de nous le faire croire... Merci, Bruno, de nous avoir emmenés sur cette Zone À Diffuser...

Il paraît que ces jeunes fous veulent « nous imposer leur monde »... Si seulement c’était vrai !!!!