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blogs du monde diplomatique/ dominique vidal Historien et journaliste indépendant, spécialiste des relations internationales
Une nouvelle enquête du Carep Frappante maturité des opinions arabes
#opinion #CAREP
Article mis en ligne le 23 février 2023
dernière modification le 22 février 2023

Que pensent les habitants du monde arabe de la démocratie, de la religion ou de la corruption ? Depuis plusieurs années, un centre de recherche basée au Qatar interroge plusieurs milliers de personnes. Les conclusions de la dernière enquête démontrent que l’idéal démocratique, fut-il accompagné de réserves, n’a pas disparu de cette région du monde.

Que n’a-t-on écrit sur la « rue arabe », cette expression méprisante si souvent utilisée par les grands médias ? La nouvelle enquête de l’Arab Center for Research and Policy Studies (CAREP, Doha) donne à voir au contraire des opinions d’une maturité frappante, du Machrek au Maghreb (1).

Rien là d’un simple sondage : plus de 900 chercheurs ont interrogé en face-à-face 33 000 personnes dans quatorze pays de la région (2). Le nombre d’enquêtés n’a d’ailleurs cessé d’augmenter depuis la première étude du CAREP en 2011. Et les huit éditions déjà publiées permettent d’observer l’évolution des esprits depuis le début de ce qu’on a appelé les « révolutions », ou « printemps », arabes.

La diversité des domaines abordés rend évidemment difficile toute recension exhaustive. Mais un simple exposé synthétique des réponses les plus significatives suffit pour balayer bien des idées reçues sur le monde arabe. (...)

Un des clichés les plus répandus oppose Arabes et démocratie. Or, selon l’enquête, 72 % des enquêtés (contre 19 %) affirment que « le système démocratique, malgré ses défauts, est meilleur que tous les autres », le Maghreb arrivant en tête et le Golfe en queue. En même temps 47 % estiment que « [leur] société n’est pas préparée à la démocratie », 41 % que « les démocraties sont caractérisées par l’indécision et la discorde », 35 % que « les démocraties ne sont pas efficaces en matière d’ordre et de sécurité », 33 % que « la performance économique souffre de la démocratie » et 24 % que « la démocratie est incompatible avec l’islam ».

Invités à choisir le système qu’ils préfèrent, 71 % citent un « système démocratique », 38 % un « système dirigé par l’armée », 35 % un « gouvernement fondé sur la charia », 31 % un « système électoral limité aux partis islamistes » et 21 % « limité aux partis non religieux et laïques », enfin 22 % un « système non-démocratique/autoritaire ». (...)