
(...) Devant la justice du souverain, toutes les voix doivent se taire.
« On dit d’un fleuve emportant qu’il est violent mais l’on ne parle jamais de la violence des rives qui l’enserrent », disait en substance Berthold Brecht. Et cette violence s’exprime souvent dans le cadre de la rétention par les auto-mutilations, les tentatives de suicides, autant d’actes désespérés qui prennent le corps propre comme ultime manifestation d’une soif de liberté qui ne peut être entendue par ailleurs.
Lorsque les portes se ferment.. Lorsque les juges se taisent… Lorsque les Préfets n’entendent… Lorsque les associations, mains liées, constatent, que reste-t-il ?
« Devant la justice du souverain, toutes les voix doivent se taire » (Foucault). Il a failli se taire à jamais et se taira peut être un jour prochain ce retenu tant sa volonté de rester en France, de ne pas être contraint de partir par la force est grande. (...)
La reconduite ne peut avoir lieu à n’importe quel prix. Certes, il arrive régulièrement que l’on renvoie au pays des individus qui une fois arrivés risquent leur vie. Mais au moins on ne les voit pas. On ne les entend pas. Là, dans ce centre de rétention, l’obstination préfectorale conduit un homme à une fois de plus se trancher la gorge. Pourquoi ? Est-ce faire preuve de faiblesse que de dire : « Ok, je suspend tout ça… On attend un peu… On cherche à comprendre… un minimum. »
Il ne faut pas créer de précédents dira l’administration. Ne pas laisser penser qu’il suffit de mourir pour rester en France… Voici bientôt un an jour pour jour qu’un homme est mort pendu dans un centre de rétention français… Triste anniversaire…