
Si querelles et phrases chocs ont toujours existé à la télévision, elles se multiplient en cette rentrée, entre un chroniqueur qui estime que c’est "plus facile de réussir quand on est fils d’immigrés, noir et pédé", un polémiste qui accuse la police de "chier dans (son) froc" et un autre qui juge le prénom Hapsatou une "insulte à la France".
Pour les chaînes, c’est un format idéal pour faire le buzz sur les réseaux sociaux, et donc augmenter clics et publicité tout en dopant les audiences. Et pour les protagonistes, c’est un bon moyen de faire parler de soi. (...)
– ’La société du buzz’ -
La semaine d’avant, Thierry Ardisson faisait la rentrée de son autre émission, Les Terriens du dimanche, où Eric Zemmour a eu une altercation avec la chroniqueuse Hapsatou Sy au sujet de son prénom, qu’il a jugé une "insulte à la France".
La séquence, supprimée au montage, a été diffusée sur Internet par la chroniqueuse qui a lancé une pétition pour "interdire de médias les personnes portant des messages d’incitation à la haine", signée dimanche par plus de 246.000 personnes. Plus de 220 signalements ont été adressés au CSA.
Fait plutôt rare, la Société des journalistes (SDJ) du Figaro, qui emploie Eric Zemmour, s’est fendue d’un communiqué pour rappeler qu’une charte déontologique s’imposait à tous les collaborateurs.
Parallèlement, la séquence a été commentée toute la semaine dans de nombreux médias, à commencer par ceux du groupe Canal+ de Vincent Bolloré auquel appartient C8.
Un montage réalisé par le site "Arrêt sur image" montre comment l’histoire a rebondi dans les chaînes du groupe : chez Cyril Hanouna sur C8 puis chez Jean-Marc Morandini sur CNews (avec Thierry Ardisson en exclusivité), chez Laurence Ferrari sur la même chaîne (avec Hapsatou Sy comme invitée) puis dans l’émission de débat de Pascal Praud.
"Eric Zemmour il fait de l’audience, tous les producteurs vous le diront", explique Cyril Hanouna à ses téléspectateurs.
Une ficelle qui commence à lasser. (...)
Plutôt que de s’indigner, de saisir sans cesse le CSA, d’alimenter la machine à buzz qui conforte les programmateurs de recommencer pour faire de l’audience ; ne plus regarder et s’informer autrement", s’emporte Olivier Ravanello, ancien journaliste d’iTélé.
"Les chaînes cherchent à capter les téléspectateurs par tous les moyens. Mais avec le surclash sur le buzz sur le clash, on est dans une machine autoréférentielle, une prophétie autoréalisatrice (...)", analyse pour Libération le directeur éditorial d’Arte Bruno Patino.