
François Sarano est un océanographe et un plongeur exceptionnel. Depuis des décennies, il parcourt les mers du globe, accompagnant les expéditions de Jacques-Yves Cousteau, puis la réalisation du magnifique film de Jacques Perrin, Océans. Il vient de publier, avec Coralie Schaub, Réconcilier les hommes avec la vie sauvage.
(...) Dans cette vidéo, François Sarano nous plonge d’emblée dans sa rencontre inoubliable avec Eliott, le cachalot, qui est « venu nous étudier » (1’35’’). Il raconte « ce moment de grâce, de bien-être, en harmonie avec le monde (...). Avec ce cachalot, nous avons pu vivre un moment de paix, même si on ne se comprend pas » (4’54’’).
Au XXe siècle, les populations de cachalots ont été massacrées, jusqu’à 30.000 cachalots tués par an dans les années 1960. Le moratoire de la chasse a enfin été décidé - parce qu’il n’y avait presque plus de cachalots. Et depuis, les nouvelles générations n’ont plus peur des hommes, on peut les rencontrer (8’10’’).
Les animaux marins constituent de véritables sociétés (...)
« Les dents de la mer, c’est la paix ! »
Le plongeur dément aussi les mythes sur les requins : « Les dents de la mer, c’est la paix ! » (20’30’’) : il a vécu un « moment de bonheur intense, posé sur la nageoire du grand requin blanc ».
D’ailleurs, les animaux ne mangent pas plus que ce dont ils ont besoin. Et quand ils sont rassasiés, ils baguenaudent, ils trainent, ils dorment, ils jouent : « La loi de la jungle, c’est la loi de la paresse, la loi de la frugalité. Parce que, quand on a satisfait ses besoins, on a du temps libre. Les cachalots cultivent l’inutile » (24’38’’). Nous, les humains, nous courons en permanence « parce que nous avons peur de ne pas assez accumuler. Mais la vie sauvage n’accumule pas, c’est une idée de capitaliste, ça ! ».
« Si nous voulions adopter la loi de la jungle, après le petit déjeuner, nous dormirions, nous ferions des câlins, nous irions jouer aux cartes » (26’20’’).
L’erreur fondamentale des riches
Sarano explique ensuite que la nature est bien plus basée sur la coopération que sur la compétition. (...)
Cela conduit le biologiste marin a réfléchir à la société humaine d’aujourd’hui : « On devrait penser à une seule chose : comment offrir à nos enfants un monde de paix à onze milliards d’habitants ? C’est une erreur fondamentale des riches de croire qu’ils vont pouvoir s’isoler dans un château-fort, dans un monde qui est maintenant si petit, si universel qu’on ne peut plus échapper aux échanges avec les autres » (31’00’’). Quant aux migrants, « ils apportent des choses extraordinaires » et il faut les accueillir.
L’océan résistera mieux que le monde terrestre au changement climatique
François Sarano est un témoin de l’évolution de l’état écologique de la mer. « En quarante ans, elle s’est beaucoup appauvrie. On voit du plastique partout. Il y a peu de requins. Mais dans les endroits que l’on a placés en réserve, la mer s’est enrichie. Quand on prend de bonnes mesures, ça marche à tous les coups ! » (36’20’’).
L’océanographe ne cède pas au pessimisme : « Si nous nous levons et obtenons de bonnes mesures, on va retrouver une mer plus riche que ce que nous avons connu ». En tout cas, « je ne peux pas avoir à dire : nous savions et nous n’avons rien fait. Je n’ai plus le droit de renoncer ».
« Si nous arrêtons la destruction, très rapidement, la vie reviendra. La résilience de l’océan - qui est le berceau du vivant, la matrice originelle - est immense » (41’20’’). Et face au changement climatique, « l’océan résistera beaucoup mieux que le monde terrestre ».