
Pour ce cinquième colloque, l’Association Primo Levi a souhaité se pencher sur les rapports entre langage et violence, en particulier sur le rôle que joue le langage dans l’émergence de la violence. Qu’est-ce que notre société véhicule comme violence dans son discours ? Et quels sont les effets sur le collectif et sur chaque sujet ? Que pouvons-nous témoigner de notre expérience lorsqu’à la désubjectivation engendrée par la violence subie dans le pays d’origine s’ajoutent les effets ravageurs des discours et des actes produits par la société dite « d’accueil » ?
Historiens, philosophes, spécialistes de sciences politiques, de droit ou de littérature, psychanalystes et cliniciens du Centre Primo Levi feront entendre leurs idées, partageront leurs expériences avant d’échanger avec l’auditoire.
Pour la première fois cette année, un film sera projeté, Baptême de sang, projection qui sera suivie d’un débat avec son réalisateur, le cinéaste brésilien Helvécio Ratton.
Maison du barreau - 2, rue de Harley - 75001 Paris
C’est à partir du rapport de l’homme au langage que nous souhaitons interroger ce qu’une société véhicule comme violence dans son discours et les effets que cela produit sur le collectif et sur chaque sujet. Force est de constater que l’histoire de l’humanité est marquée par la répétition des guerres et des conflits sociaux violents. Mais, quel rôle joue le langage dans l’émergence de la violence ?
La langage est ce qui caractérise l’humain. en tant qu’être parlant, l’homme crée et transforme son monde. Tout peuple, toute civilisation a recours au langage, espace symbolique qui s’ordonne en discours, en parole et en dire. Les discours sont ce qui constitue le lien entre les êtres parlants. Ils véhiculent les valeurs, les référentiels identitaires et politiques du vivre ensemble.
La parole, le dire, propres à la singularité de chaque sujet, excèdent l’ordre du collectif. Cependant, cet excès est aussi ce qui crée et transforme le vivre ensemble ; car, c’est par la parole, le dire, que e désir qui anime l’homme se manifeste. ce dire permet au sujet de s’échapper du discours muré dans lequel il essaie périodiquement de se mettre à l’abri par rapport à ce qui, en lui-même, se dérobe.
Une société qui transforme les discours qui la constituent en idéologie, véhicule de la violence en faisant valoir, consciemment ou inconsciemment, l’exclusion, la peur et les intérêts qui brisent le lien collectif. dans ce contexte, la parole n’ayant pas moyen de se dire, vocifère, et la haine devient la raison qui justifie toute forme de violence. C’est pourquoi il y a lieu de s’interroger sur ce qu’est devenu, en France, l’énoncé « terre d’asile » dans le discours politique actuel et les effets de celui-ci pour la société et pour ceux qu’elle exclut.(...)
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