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« Venezuela : empêchons d’urgence la nouvelle guerre annoncée »
Collectif de signataires
Article mis en ligne le 11 mars 2019

Appel citoyen et pluraliste à faire respecter le droit international après les menaces du président américain Donald Trump d’intervenir militairement au Venezuela.
Le Président Donald Trump a annoncé qu’il n’excluait pas une intervention militaire au Venezuela. La Colombie et le Brésil ont promis leur appui. Mike Pompeo vient d’annoncer que son pays allait « passer à l’action » et que les jours du Président Nicolas Maduro « étaient comptés ».

Nous sommes donc face à des menaces d’une nouvelle guerre qui peut enflammer toute la région, alors que l’on connaît bien le bilan désastreux des autres aventures guerrières soi-disant libératrices lancées par les États-Unis, avec la complicité de pays européens, en Afghanistan, en Irak, en Libye ou au Moyen-Orient, entre autres.

Pour éviter ce nouveau désastre humain et écologique, et quelles que soient les opinions des uns et des autres sur l’administration du pays par le président Maduro et sur l’état de la démocratie au Venezuela, nous devons tout faire pour préserver la paix en exigeant le respect du droit international.

Des dérives inquiétantes

L’inacceptable embargo économique et financier du Venezuela est accompagné de menaces d’intervention militaire au Venezuela en violation flagrante du droit international. Il n’est pas du ressort des pays tiers – y compris les Etats-Unis et les Etats membres de l’Union européenne – de déterminer qui doit être le Président du Venezuela. Les pays reconnaissent des Etats et non des gouvernements, et le contrôle de l’Etat du Venezuela est clairement exercé par le président Maduro. Les Etats-Unis et l’Europe appuient du reste des gouvernements dont la légitimité est bien plus discutable que celle de M. Maduro. Pensons au Honduras, où la réélection est interdite par la Constitution et où des irrégularités graves ont été constatées par l’OEA lors des dernières élections ; ou au Brésil, où a eu lieu un impeachment express et donc illégal contre Dilma Rousseff, présidente élue, ainsi qu’un procès monté de toutes pièces contre Lula da Silva, pour l’empêcher de se porter candidat à la présidence, alors que les sondages le donnaient gagnant.

Des canaux existent pour réclamer le respect des droits humains et l’amélioration de la démocratie dans les pays tiers. L’Union européenne était engagée dans de tels processus avec le Venezuela, mais sa position commune a été spectaculairement renversée en trois jours (entre le 23 et le 26 janvier 2019) sous l’influence de l’administration du Président Trump et sa reconnaissance aventureuse du député Juan Guaido qui s’est autoproclamé président du Venezuela. Personne de sensé ne peut croire que l’action des Etats-Unis est motivée par une préoccupation sincère pour les droits humains, la démocratie, ou la situation économique et sociale des Vénézuéliens. Les déclarations de M. Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis, prouvent qu’il s’agit avant tout de mettre la main sur les réserves de pétrole, de coltan, d’or et autres métaux rares que renferme le sous-sol de ce pays.

La Colombie, autre cas problématique

La politique de défense des droits humains et de la démocratie de la Belgique et de l’UE ne peut conserver sa crédibilité que si elle ne se traduit pas par une approche à géométrie variable, appliquant deux poids deux mesures. A ce sujet il serait par exemple urgent d’enclencher la clause démocratique pour suspendre l’application provisoire du traité de libre-échange entre l’Union européenne et la Colombie, puisque dans ce pays il y a plus de 80.000 disparus, plus de 8 millions de paysans déplacés, et parce que plus de 400 représentants des mouvements sociaux et 80 anciens guérilleros ont été assassinés depuis la signature des accords de paix entre le gouvernement et les Farc.

Juan Guaido, député du parti le plus extrémiste de la droite, « Volonté populaire », est devenu député à l’Assemblée nationale lors d’élections organisées sous le gouvernement de M. Maduro. Il a ensuite été élu président du Parlement. Mais cela ne fait pas de lui le président du Venezuela. L’article 233 de la Constitution du Venezuela prévoit que le président de l’Assemblée nationale remplace le président de la République dans des cas très précis : en cas d’abandon de fonction, de décès, ou d’incapacité du président constatée par la Cour suprême. Ce n’est pas le cas. Si de telles circonstances devaient survenir, permettant au président de l’Assemblée nationale d’assurer par interim la fonction de chef de l’Etat, M. Guaido devrait obligatoirement convoquer des élections dans les 30 jours, ce qu’il n’a pas fait à la suite de son autoproclamation comme Président.

De nombreuses spoliations

Le gouvernement du Venezuela reconnaît qu’il passe par une situation économique difficile qui affecte gravement le bien-être de la population, et qui est due en grande partie à la chute spectaculaire du prix du pétrole et à l’embargo économique. Le prétexte de l’aide humanitaire ne doit en aucun cas être utilisé – comme le font les Etats-Unis et la Colombie en ce moment – comme moyen pour déstabiliser le gouvernement du pays que l’on prétend aider. Le Comité international de la Croix-Rouge s’est prononcé clairement à ce sujet. (...)

Nous appelons les démocrates belges et européens de tous bords, à tout mettre en œuvre et à se mobiliser pour éviter cette nouvelle guerre qui serait dévastatrice, en exigeant le respect du droit international et de la souveraineté des Etats, et à exiger que cesse immédiatement l’embargo économique et financier afin de permettre au gouvernement du Venezuela de subvenir rapidement aux besoins urgents de la population