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Victimes de la guerre chimique : sortir du silence et demander justice
Article mis en ligne le 14 décembre 2020

Le Collectif Vietnam-Dioxine, qui fait campagne pour sensibiliser sur les conséquences désastreuses de l’agent orange, appelle à la commémoration de toutes les victimes de la guerre chimique. Le procès de Tran To Nga contre 26 firmes chimiques dont Monsanto et Dow Chemical, qui aura lieu le 25 janvier 2021, est un événement décisif dans l’affirmation d’une justice respectueuse de l’humain et de l’environnement.

Depuis la Première Guerre mondiale, les armes chimiques ont été utilisées lors de conflits nationaux ou internationaux. D’une violence extrême, elles ont touché les populations des zones visées sans distinction, et parfois, par effet boomerang, se sont même retournées contre ses utilisateurs. (...)

L’efficacité militaire de cette chimie de guerre a séduit les États malgré l’horreur absolue de son usage et causé la destruction massive de l’environnement et des populations. Au traumatisme collectif des populations s’ajoutent les effets désastreux sur leur santé et celle des générations futures, via, entre autres, de nombreuses maladies ou des malformations de naissance. Les milliers de victimes souffrant actuellement des effets de la guerre chimique du Vietnam attestent de la perfidie de ces armes : la guerre fait encore des victimes aujourd’hui, l’agent orange-dioxine tue et mutile toujours les populations.

Souvent utilisées lors des guerres coloniales, « les armes chimiques n’ont jamais été employées contre un adversaire disposant d’une capacité de riposte similaire », explique l’historien Olivier Lion dans la revue Stratégique. Ces conflits, largement asymétriques, ont servi à dominer des populations et à prendre possession de leur territoire ou de leurs richesses pour avoir la mainmise sur leurs ressources écosystémiques — voire à les détruire. Résultat : dans certains cas, les dégâts sont incommensurables sur la nature et les humains, et crée des dommages souvent sur plusieurs générations. (...)

Pour des condamnations et des réparations

Dès lors, la menace chimique doit être définitivement éliminée pour la protection des populations et de l’environnement. Nous appelons à la fermeté de la communauté internationale pour assurer le respect du droit international par les États parties et imposer ces règles. Il faut s’en référer à la convention de 1993 sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction, entrée en vigueur en 1997.

Nous sommes face à une quasi-absence de condamnations de ces violations du droit international. (...)

Nous appelons à l’action effective des juridictions internationales et nationales, pour obtenir des condamnations et des réparations, y compris la remise en état des écosystèmes. Soutenons les mouvements citoyens et les actions en justice des victimes.