
À partir de l’expérience de sa propre mère, Didier Eribon imagine d’autres fins que la maison de retraite pour les personnes âgées et invite à leur redonner la place qu’elles méritent dans la société.
Vieillir n’est pas une partie de plaisir. Chateaubriand considérait la vieillesse comme un naufrage, expression reprise par le général de Gaulle à propos du maréchal Pétain. Le « troisième âge » annonce le « quatrième », qui correspond généralement à la sénilité, antichambre de la mort. Au XXIe siècle, la plupart des pays connaissent un vieillissement de leur population. Les plus de 60 ans, en France, représentent déjà presqu’un tiers des habitants. La proportion de celles et ceux qui meurent âgés et en relative bonne santé est faible. Leurs enfants doivent affronter la douloureuse question de leur placement dans des établissements spécialisés, coûteux et rarement satisfaisants. Ils ressemblent davantage à des mouroirs qu’à des maisons de retraite… Les récits sur la fin de vie d’un parent atteint de la maladie d’Alzheimer sont de plus en plus nombreux dans les librairies, que l’on songe à Annie Ernaux ou Christian Bobin. Le cinéma, lui aussi, aborde la déchéance d’un parent et la difficulté des enfants à l’accompagner jusqu’à la mort. Notre société n’aime pas les vieux et la mort n’a pas sa place dans la conversation entre vivants.
Une vie déterminée par le milieu social (...)