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Violences contre les journalistes, silence dans les grands médias
communiqué, Acrimed, le 8 juin 2016.
Article mis en ligne le 9 juin 2016

Trois mois après la première journée de mobilisation nationale (le 9 mars dernier), la contestation de la Loi Travail se poursuit. Cette mobilisation est confrontée à des violences policières ciblant des militant-e-s, des manifestant-e-s, mais aussi des journalistes, violences que nous avons pu nous-mêmes constater et subir lors des manifestations et à propos desquelles les témoignages s’accumulent sur les réseaux sociaux et les médias alternatifs, mais fort peu dans les grands médias, qui préfèrent réserver leur « une » aux « échauffourées » et autres arrestations de « casseurs ».

Acrimed, partie prenante du mouvement contre la Loi Travail, dénonce ces violences et, en tant qu’association de critique des médias, tout particulièrement celles commises contre des journalistes qui essaient simplement de faire leur métier. Les violences contre des journalistes, notamment des photographes de presse, se sont en effet multipliées au cours des dernières semaines, notamment à Paris et à Rennes. (...)

Nous nous associons aux protestations des syndicats de journalistes pour dénoncer ces violences. Les journalistes doivent pouvoir faire leur travail et n’ont pas à faire face aux pressions, intimidations (la Préfecture de police de Paris a ainsi tenté d’interdire à un photographe indépendant de se rendre à la manifestation du 17 mai au motif qu’il pourrait « participer à des actions violentes »), voire aux violences physiques des forces de police.

Nous ne pouvons en outre manquer de nous étonner du silence assourdissant des « grands médias », des principales rédactions et des éditorialistes multimédias, pourtant si prompts, ces dernières semaines, à dénoncer les « violences » commises contre les forces de police (ou contre des vitrines ou du mobilier urbain), sans même parler des crachats – réels ou imaginaires – dont aurait été victime un célèbre « philosophe » lors d’une incursion place de la République.

Combien de reportages, d’articles et d’éditoriaux au sujet de la voiture de police brûlée à Paris le 18 mai ? Combien d’éditoriaux, d’articles ou de déclarations outragées suite aux mésaventures d’Alain Finkielkraut lors de sa visite impromptue à Nuit Debout ? Des dizaines, voire des centaines, avec des chefferies éditoriales et des éditorialistes squatteurs de médias unanimes pour « condamner fermement » les agissements – réels ou supposés – des manifestants. Combien de reportages, d’articles et d’éditoriaux au sujet des violences contre les journalistes ? Un nombre dérisoire…

Les indignations à géométrie variable en disent malheureusement long sur l’hypocrisie à l’œuvre chez certains, et sur le peu de considération qu’ils portent au travail des journalistes de terrain, souvent précaires et mal payé-e-s. (...)

Si Acrimed exerce une critique vigilante du traitement médiatique des mobilisations contre la Loi Travail, ce n’est pas pour s’en prendre au journalisme en tant que profession. Nous sommes ainsi aux côtés des syndicats et associations pour dénoncer les conditions de travail dégradées des journalistes, qui participent de l’appauvrissement généralisé de l’information. Et nous sommes donc logiquement à leurs côtés pour dénoncer les violences dont les journalistes sont victimes, a fortiori lorsqu’ils et elles sont ignoré-e-s, voire méprisé-e-s, par des médiacrates qui ont manifestement d’autres préoccupations.