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Violences policières : à Tourcoing, deux fonctionnaires condamnés et exclus de la police
Article mis en ligne le 27 août 2021

Le tribunal correctionnel de Lille a condamné, ce mercredi soir, deux policiers à une interdiction d’exercer pendant trois ans. En juin 2020, les agents avaient brutalisé un suspect dans les locaux du commissariat de Tourcoing et rédigé un faux procès-verbal pour couvrir leur acte.

En cette fin d’été, la salle est quasi vide. Si trois agents de la pénitentiaire sont présents, c’est pour la victime de cette affaire. Ryan S. est incarcéré. En juin 2020, à Tourcoing, il est interpellé en bas de son immeuble jouant aux cartes. L’homme est alors sous contrôle judiciaire. Pour la énième fois, des policiers le surprennent à violer ses obligations. Direction, le commissariat.

« Mon client ne se rebelle pas, assure Théophile de Weirdt, son avocat. Il ne provoque aucun incident. » Plus tard, dans les locaux du commissariat, Ryan S. recevra quelques bourrades et, surtout, une volée de coups. « Je tiens à m’excuser pour l’image que cela donne de la police », lâche maintenant, à la barre, l’un des deux fonctionnaires, âgés de 26 et 31 ans, convoqués devant les juges.
« Confiance brisée »

Un homme est brutalisé. Ses assaillants rédigent ensuite un procès-verbal afin de couvrir leurs gestes. La manœuvre ne tiendra pas longtemps face aux images saisies par la vidéosurveillance du commissariat. (...)

La procureure Virginie Girard pointe, elle, « une confiance entre policiers et magistrats définitivement brisée ». Elle ne se contente pas de réclamer une peine de prison ferme (huit mois) sous bracelet électronique. La représentante du parquet réclame une exclusion définitive de la police.
« Faute de bonne foi »

Me Despieghelaere riposte en dégainant l’actualité récente. Un membre d’une brigade anticriminalité abattu à Avignon par un dealer, les mouvements de protestation des forces de l’ordre, le taux hallucinant de suicide en leurs rangs, « supérieur de 36 % à celui du reste de la population ». Ancien bâtonnier lui aussi, son confrère Patrick Delbar évoque au moins deux exemples de ce qui pourrait être qualifié de « faute de bonne foi ». Un avocat ayant manipulé des sommes suspectes émanant d’un client et… un magistrat ayant, de fait, couvert une erreur de policiers. « Ils n’ont pas subi de sanction mettant en danger leur avenir et ont, ensuite, accompli des carrières sans tache », insiste Me Delbar.

Les juges ne suivront pas ces arguments. Les policiers sont condamnés à dix et douze mois de prison avec sursis. Ils sont surtout interdits d’exercer pendant trois ans. Pour au moins l’un d’eux, adjoint de sécurité au moment des faits et ayant ensuite réussi le concours d’entrée, cette sanction pourrait, de fait, devenir définitive.